Intervention de Jean Castex

Séance en hémicycle du mardi 1er mars 2022 à 15h00
Déclaration du gouvernement relative à la décision de la russie de faire la guerre à l'ukraine

Jean Castex, Premier ministre :

Sous l'autorité de notre ambassadeur, Etienne de Poncins, cette équipe œuvre dans des conditions particulièrement difficiles. Pour des raisons de sécurité de nos agents, elle s'est déplacée hier de Kiev à Lviv. Nous restons extrêmement attentifs à sa protection.

La gravité de la situation m'a conduit à proposer dès la semaine dernière aux présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat, aux présidents des groupes parlementaires et à ceux des commissions compétentes des deux chambres de réunir sans délai un comité de liaison qui nous a permis de partager vendredi des informations importantes et de répondre à l'essentiel des questions qu'ils ont bien voulu nous soumettre. J'ai invité hier, dans le même esprit, les candidats à l'élection présidentielle. J'ai également et évidemment souhaité répondre à la demande légitime que la représentation nationale tout entière puisse s'exprimer sur ce sujet de la plus haute importance, ce qui me conduit à vous soumettre aujourd'hui une déclaration au titre de l'article 50-1 de la Constitution portant sur le conflit en Ukraine, qui sera suivie d'un débat.

Mesdames et messieurs les députés, la France n'a pas ménagé ses efforts, ces dernières semaines et ces derniers mois, pour faire valoir jusqu'au bout la voie de la raison et de la paix. Telle est d'ailleurs la ligne constante qu'a suivie notre diplomatie, depuis le président Chirac, vis-à-vis de la Russie du président Poutine. Ce fut le cas avec le président Sarkozy, dans le cadre du conflit en Géorgie ; ce fut encore le cas pour l'Ukraine, depuis le premier jour des tensions, en 2013, et dans la suite des accords de Minsk de 2014, signés alors que le président Hollande était à l'Élysée. En tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, en tant que présidente en exercice du Conseil de l'Union européenne, au regard aussi de ce que sont ses valeurs, de l'idée qu'elle se fait de la paix et du mode de résolution des conflits, la France se devait d'assumer son rôle. Les initiatives prises par le chef de l'État se sont multipliées, en liaison étroite avec nos partenaires européens et avec les États-Unis.

Ces efforts n'ont pas abouti ; Vladimir Poutine a non seulement déchiré les accords de Minsk, mais aussi rompu tous les engagements qu'il avait pris dans les derniers jours. Il en porte la pleine et entière responsabilité. Évidemment, la France n'a jamais sous-estimé le risque du scénario du pire. Nous observions avec nos partenaires et alliés le déploiement progressif d'un dispositif militaire massif en Biélorussie, aux frontières de l'Ukraine, en mer Noire : plus de 150 000 hommes équipés des moyens les plus modernes. Un dispositif militaire dont Vladimir Poutine assurait qu'il se retirerait une fois les exercices terminés, tout en appelant au dialogue diplomatique sur des garanties de sécurité pour la Russie, et en répétant que la Russie ne s'apprêtait pas à envahir l'Ukraine.

Vladimir Poutine a menti. Il a menti au Président de la République, il a menti à la communauté internationale, il a menti à son propre peuple : non, aucun génocide n'a eu lieu contre les populations russophones du Donbass ; non, il n'y a pas d'armes nucléaires sur le sol ukrainien ; non, M. Zelensky n'est pas à la tête d'un régime nazi, terme particulièrement infâme quand il est appliqué à un pays pleinement démocratique.

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