Intervention de Olivier Becht

Séance en hémicycle du mardi 1er mars 2022 à 15h00
Déclaration du gouvernement relative à la décision de la russie de faire la guerre à l'ukraine

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaOlivier Becht :

Nous devons nous préparer à en affronter les conséquences.

Sur le plan économique, les sanctions déjà prises sont massives ; elles représentent plusieurs milliers de milliards d'euros d'avoirs gelés ou de pertes de recettes, et plongeront l'économie russe dans une profonde récession. Nous-mêmes en subirons des effets collatéraux.

Nous devons nous attendre à une flambée des prix du pétrole, du gaz et de l'électricité, qui affectera les ménages et la compétitivité de notre économie, et qui nourrira par conséquent l'inflation. Nous avons certes voté un bouclier tarifaire concernant le gaz et l'électricité, mais le coût de l'énergie sera démultiplié pour les contribuables : il faudra donc provisionner de nouvelles lignes dans nos budgets pour les en protéger. Concernant les carburants, nous avons voté l'attribution d'un chèque inflation aux ménages, mais il sera largement consommé lorsque le prix de l'essence dépassera 2 euros le litre : de nouvelles mesures de soutien seront donc nécessaires.

Pour ce qui est des matières agricoles, nous devons anticiper une hausse du prix des céréales et, surtout, une pénurie de potasse et d'engrais azotés, indispensables à la fertilisation des sols et donc à la productivité. Nous devrons trouver rapidement des sources alternatives d'approvisionnement, comme pour d'autres matières premières telles que le lithium et le titane, qui sont indispensables à notre industrie.

Enfin, nous devons anticiper les conséquences monétaires de l'exclusion de la Russie du système SWIFT, qui pourrait avoir des répercussions sur le cours du dollar et d'autres monnaies.

Sur le plan militaire, nous devons être conscients que la livraison d'armes à l'Ukraine nous place dans une position conflictuelle, même indirecte, avec la Russie. Nous nous exposons donc à des mesures de représailles, notamment dans l'espace cyber. Le risque d'attaque des réseaux internet ou électriques, au travers de « bombes logiques », est réel ; il faut nous y préparer et anticiper notre résilience, car ces actes pourraient avoir des conséquences sérieuses pour les Français.

Nous devons d'ores et déjà tracer des lignes rouges sur le sol, en faisant comprendre à M. Poutine que s'il poursuivait son offensive vers de nouveaux territoires – je pense à la Géorgie, à la Transnistrie, à la Gagaouzie, à la Republika Srpska en Bosnie-Herzégovine, et plus encore aux pays de l'OTAN –, il pourrait plonger l'Europe et le monde dans une guerre totale dont la Russie sortirait à coup sûr anéantie.

Enfin, il nous faudra accueillir dignement, et de manière équitable entre chaque pays d'Europe, les réfugiés ukrainiens qui fuient les horreurs de la guerre, et les protéger avant qu'ils puissent retourner chez eux reconstruire leur pays.

Cette crise nous rappelle violemment que la liberté ne peut se vivre que si l'on est prêt à mourir pour elle, et que le retour à une souveraineté énergétique aura un coût non négligeable pour le pouvoir d'achat des Européens. Au-delà, la crise nous interpelle sur l'avenir de l'Europe. Tandis qu'à l'extrême gauche et à l'extrême droite de l'hémicycle, nous entendons depuis des années s'exprimer les casseurs d'OTAN et d'Europe, nous découvrons brutalement que nous avons besoin non pas de moins d'Europe, mais de plus d'Europe, et de mieux d'Europe.

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