Mais je laisse là les poubelles de l'histoire.
Il nous faut d'ores et déjà, monsieur le Premier ministre, tirer quelques leçons.
Premièrement, dans ce malheur, nous avons une double chance : d'abord, que notre principal allié, les États-Unis d'Amérique, ne soit pas dirigé par M. Trump ou un équivalent, lui qui voulait découpler l'Europe de son pays à travers la démolition progressive de l'OTAN – car rien ne garantit que nous aurions alors eu des alliés aussi puissants à nos côtés ; ensuite, qu'il n'y ait pas en même temps une crise majeure en Asie et en Europe, car les États-Unis ne seraient peut-être pas capables de combattre sur les deux fronts. La première leçon est donc que nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes pour nous défendre : Français et Européens. Le réveil de l'Allemagne, qui se rend compte que son armée est hors d'état de se battre et de participer à notre défense collective, est à cet égard de bon augure. Tant mieux si le chancelier allemand accomplit enfin les efforts que son pays avait abandonnés depuis si longtemps, tandis que la France tentait d'en faire de plus en plus.
La deuxième leçon, c'est que l'absence de démocratie en Russie restera un danger permanent pour nos pays, avec Poutine ou sans lui. Un dirigeant comme Vladimir Poutine, de même acabit et s'appuyant sur une même oligarchie, ne s'arrête en réalité que lorsqu'on s'oppose à ses ambitions par la force. Très franchement, les exigences folles du président russe qui souhaite non seulement démilitariser l'Ukraine, destituer le pouvoir en place et asservir le pays à la Russie, mais qui demande en outre à la Pologne, à la Roumanie, à la Hongrie et à la République tchèque de quitter l'OTAN pour revenir dans le giron de Moscou, montrent à quel point il n'y a pas, chez ce dictateur, de limites à l'ambition de restauration d'un empire.