Intervention de Fabien Roussel

Séance en hémicycle du mardi 1er mars 2022 à 15h00
Déclaration du gouvernement relative à la décision de la russie de faire la guerre à l'ukraine

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFabien Roussel :

C'est aussi la condition de l'union des nations contre Poutine.

Bien sûr, nous pourrons toujours débattre de ce qui a précédé ce conflit, de l'obstination de ces trente dernières années, de la part des États-Unis et de certains membres de l'OTAN, à toujours vouloir implanter de nouvelles bases aux portes de la Russie. Aujourd'hui, le débat n'est pas là. Le danger est de voir ce conflit s'élargir, s'étendre. Ce danger est réel, car cette guerre fait peser le risque d'une guerre mondiale. Je veux plus que jamais rappeler que, face aux armes et au risque d'un embrasement généralisé du conflit, nous devons donner toute leur force à la diplomatie, au dialogue, à la construction d'un rapport de forces politique et économique nous permettant d'éviter un engrenage fatal.

La France doit tout mettre en œuvre pour éviter l'embrasement, pour éviter, comme elle le fait, que l'OTAN participe à cette guerre, car les conséquences en seraient terrifiantes. Là est le risque d'une exacerbation du conflit. Notre histoire, celle de l'humanité, abonde malheureusement en engrenages guerriers menant au pire. Gardons-les en mémoire pour qu'ils ne se répètent jamais. N'oublions jamais les 80 millions de morts des deux premières guerres mondiales et les sacrifices de plusieurs générations. Ce XXIe siècle est encore plus dangereux, plus dévastateur, car à la menace d'une guerre mondiale s'ajoute celle de l'utilisation de l'arme nucléaire. Alors, de tout notre cœur, forts de cette histoire que nous portons en nous, au nom de ces hommes et de ces femmes qui ont tout fait pour empêcher les escalades guerrières au siècle passé, au nom de ces députés comme Jean Jaurès, bien seul ici à défendre la voie de la paix, disons qu'il ne faut pas ajouter la guerre à la guerre.

La course aux armements engagée au cours de ces dernières années par les grandes puissances fait peser sur le monde, sur les peuples, sur la jeunesse, la menace d'une destruction à grande échelle. Alors oui, la France a un rôle majeur à jouer. Les décisions qui seront prises dans les heures et les jours qui viennent seront capitales. D'abord, celle d'éviter l'escalade du conflit, l'escalade guerrière qui, à un moment donné, peut finir en spirale infernale, incontrôlable, que personne ne pourra plus arrêter. Rappelons-nous qu'il est impossible de prévoir l'issue d'un conflit armé. Les seules certitudes sont la destruction, le chaos et les victimes civiles et militaires. Gardons-nous toujours des surenchères démagogiques et des postures de va-t-en-guerre.

C'est pourquoi je demande que le Parlement puisse se prononcer à chaque étape sur la parole et les décisions de la France face à cette guerre. Car c'est par la démocratie que l'on peut le mieux déjouer les menaces qui pèsent sur elle. Dans cette situation, la France a une grande responsabilité pour agir en faveur de la paix. Quand la France, au nom de son histoire, parle pour la paix, elle parle d'une voix forte et juste. Quand la France refuse les logiques de blocs, quand elle affirme sa pleine indépendance pour dire le droit et la justice, elle est entendue des peuples du monde. Alors oui, comme beaucoup le disent, la solution à ce drame ne sera pas militaire. La France doit continuer haut et fort à affirmer que sa priorité est l'établissement d'un cessez-le-feu. La France doit mettre toute son énergie, tout son savoir-faire, fruit de sa tradition, dans la recherche d'une solution diplomatique, politique, et bien sûr affirmer qu'elle apportera toute sa solidarité au peuple ukrainien.

L'urgence, c'est de tout mettre en œuvre pour obtenir un cessez-le-feu et ouvrir des négociations. C'est, bien sûr, l'intérêt du peuple ukrainien, mais c'est aussi celui du peuple russe à qui nous ne voulons pas faire la guerre, et celui de tous les peuples d'Europe. Il faut ouvrir tous les espaces de dialogue possibles, exercer toutes les pressions et prendre toutes les sanctions possibles pour obtenir ce cessez-le-feu, la protection des Ukrainiens et le retrait des troupes russes d'Ukraine.

Nous pouvons jouer ce rôle en tant que membre permanent du Conseil de sécurité afin de proposer que les Nations unies relancent le processus réunissant l'ensemble des États européens avec l'Ukraine et la Russie.

Parmi toutes les pressions à exercer, il y a celles, claires, fortes venant des peuples unis exprimant leur solidarité et appelant à la paix. Notre peuple, uni dans sa grande diversité, doit, avec tous les autres peuples du monde, se lever, tendre la main aux pacifistes russes qui ont le courage de manifester, soutenir le peuple ukrainien et faire entendre cette voix forte et symbolique des travailleurs du monde entier, des jeunes, des familles mobilisés pour la paix. Oui, c'est aux peuples de se faire entendre, car ce sont eux qui seront, qui sont en première ligne, eux qui sont toujours les victimes des logiques de force et des logiques guerrières.

Nous devons aussi être intraitables avec tous les profiteurs qui abusent cyniquement de ce conflit en rendant la vie de nos concitoyens toujours plus chère par leur spéculation sur le gaz, sur le pétrole et sur le blé.

Je tiens aussi à dire que l'heure est suffisamment grave pour qu'elle ne laisse aucune place aux polémiques et aux querelles stériles. Pour notre part, pour ma part, je n'y participerai pas.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.