Intervention de le contrôleur général des armées Christophe Jacquot

Réunion du mercredi 2 février 2022 à 9h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

le contrôleur général des armées Christophe Jacquot, chef du service de la transformation :

. La question Red Team, qui interroge également nos liens avec les différentes armées et établit un lien entre culture et défense, me passionne personnellement. Il s'avère que j'ai dirigé récemment un établissement de la défense chargé de la culture et des archives, l'établissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense (ECPAD). J'ai moi-même assisté en tant qu'observateur, ainsi que mes camarades gendarmes, à la restitution du travail de la Red Team, véritablement passionnant. Votre question s'inscrit tout à fait dans l'actualité et j'ai à ce titre proposé à la DGGN que nous soyons associés au projet non pas seulement en qualité d'observateurs, mais en tant que participants à l'élaboration de scénarios sur les menaces à venir. J'ai été particulièrement frappé par le scénario de mort culturelle, qui impose une réflexion sur le mode d'action de la gendarmerie à échéance de trente ou cinquante ans. Cela recouvre également la question sur la perte potentielle des facultés cognitives des personnels utilisant l'IA. Il s'agit en effet d'une vraie question d'avenir : comment, dans une trentaine ou une cinquantaine d'années, pourrons-nous en lien avec nos forces armées faire face à des mouvements internes, dans le cadre par exemple d'une évacuation de nos ressortissants ? Je vous remercie de nous avoir donné l'opportunité de nous exprimer sur ce sujet.

S'agissant de nos domaines d'action en lien avec la menace technologique, nous nous situons dans une course permanente et les bases fondamentales de la guerre imposent de toujours faire en sorte de prendre l'avantage. Pour vous donner un exemple précis, en collaboration avec Interpol, la gendarmerie a récemment récupéré une importante quantité de données sur EncroChat, réseau crypté plébiscité par les criminels. Nous nous adaptons donc en permanence à l'évolution de la menace et, dans ce cas précis, nous avons pris l'ascendant en investissant le domaine du darknet. Demain, nous serons probablement « à la remorque » sur d'autres menaces, mais nous nous adapterons.

Nous n'avons pas encore de retours d'expérience suffisants au sujet de la brigade 4.0 – brigade de gendarmerie à l'ère du numérique et du digital. Il est actuellement question de la création de 200 brigades de gendarmerie dont un tiers mobile, en particulier en milieu rural, dans le cadre de la LOPMI. Actuellement, nous expérimentons en Ardèche le déplacement de gendarmes grâce à deux camping-cars saisis et adaptés à notre activité afin de permettre aux gendarmes d'intervenir dans le milieu rural, sur des marchés ou auprès d'associations. Cela constitue un exemple très concret de ce que pourrait être la gendarmerie du futur. Quoi qu'il en soit, nous affirmons notre volonté stratégique de changer nos modes d'intervention et de nous placer au plus près de la population.

Les réservistes se déclinent en deux groupes : les réservistes opérationnels – qui font l'objet d'un engagement – et les réservistes citoyens. La fidélisation de nos réservistes nous permet de mieux intervenir. Nous les sollicitons de manière régulière au titre d'expertises particulières, ce qui suppose de leur part une certaine disponibilité. Leur participation est essentielle pour nous. Nous réfléchissons actuellement à une évolution de la forme de notre service de la transformation. J'ai ainsi fait appel à deux réservistes, consultants travaillant en liaison permanente avec le secteur privé pour l'un et le secteur public pour l'autre. Les réservistes citoyens constituent quant à eux un vaste vivier, au sein duquel nous essayons de recruter des personnes exerçant des fonctions opérationnelles dans les secteurs public et privé et auprès de qui nous recueillons des avis, même si nous ne pouvons pas les fidéliser comme dans le cadre d'un contrat de réserve opérationnelle. Dans mon service, j'ai ainsi pris contact avec des directeurs de la transformation au sein de grands groupes de sorte que nous soyons informés sur la façon dont celle-ci fonctionne aujourd'hui chez eux. Cette activité de think tank nous procure une aide très concrète répondant à notre objectif d'agilité et aux besoins propres de la gendarmerie.

Nous protégeons les dix brevets que nous possédons selon le même cadre juridique que tout autre brevet de nature industrielle. Nous percevons quelques royalties, peu élevées actuellement car compensant certains frais. Par exemple, peu de pays disposent de laboratoires ADN tels que les nôtres. Nous avons toutefois évoqué avec les industriels la possibilité d'un développement à l'international, ce qui n'exclut pas à l'avenir que nous touchions des redevances. Notre objectif principal reste néanmoins la protection de nos innovations et non la perception de redevances.

Nous avons la volonté non seulement de soutenir les élus, mais aussi de leur proposer un kit ainsi que des conseils en matière de procédures. Nous souhaitons leur prodiguer une formation sur la façon d'accueillir un administré particulièrement mal disposé sans refuser le contact pour autant, et leur proposer un dispositif concret leur permettant de nous prévenir immédiatement, au-delà du système de SMS déjà en place.

La gendarmerie a en fait une histoire vieille de sept siècles. En 1720, Claude Leblanc a développé à l'échelle nationale le modèle des brigades propre à la région parisienne. Aujourd'hui, nous disposons de 3 100 brigades en métropole et 150 outre-mer.

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