Bonjour, Monsieur Ghosn. Je vous présente mes meilleurs voeux.
L'année 2017 s'est révélée être la deuxième année la plus chaude de l'histoire, juste après 2016. L'an dernier, vos trois entreprises – Renault, Nissan et Mitsubishi – ont vendu plus 10 millions de véhicules ; la banquise hivernale occupe la surface la plus réduite jamais observée depuis des siècles ; les enquêteurs de la répression des fraudes soupçonnent Renault d'avoir truqué les tests sur ses moteurs diesel depuis vingt-cinq ans ; la concentration de CO2 dans l'air atteint un niveau record, un seuil jamais atteint depuis 5 millions d'années ; entre 2004 et 2014 vous avez supprimé 29 500 postes en France ; d'après la commission Royal, trois de vos moteurs polluent dix fois plus que la limite autorisée ; en 2008, les salariés de l'usine Dacia de Piteşti en Roumanie, ont fait grève durant dix-neuf jours et obtenu une augmentation de 28 % de leur salaire ; en Europe, en 2014, la pollution a causé la mort de 520 000 personnes ; après une nouvelle grève à Piteşti, vous avez, en 2014, annoncé la délocalisation au Maroc de la fabrication de la Dacia Sandero ; en quatre ans, dix salariés de Renault se sont suicidés ; en 2016, votre rémunération en qualité de PDG de Renault s'élevait à 7 millions d'euros ; sur le site de Cléon, un salarié s'est pendu et vous a laissé ce message : « La peur et l'incertitude de l'avenir sont de bonne guerre paraît-il. Tu expliqueras ça à mes filles, Carlos » ; d'après le cabinet Proxinvest, votre rémunération totale s'élèverait à 15,6 millions d'euros.
Votre groupe bat tous les records de ventes, de rentabilité et, peut-être, de dividendes. Je tiens à vous féliciter pour ces excellents résultats. Je voudrais vous poser une question simple qui déborde peut-être un peu du cadre de cette commission : le matin, quand vous êtes seul dans votre chambre, quand vous enfilez vos chaussettes, quel est pour vous le sens de l'existence ?