Monsieur le président-directeur général, je vous remercie pour votre exposé, même si je ne partage pas forcément votre enthousiasme ni celui de certains de mes collègues. Certes, les résultats économiques de l'entreprise sont bons, mais cela ne rejaillit pas nécessairement sur les résultats humains et sociaux des salariés de l'entreprise Renault.
J'ai reçu la semaine dernière, dans les locaux de l'Assemblée nationale, les organisations syndicales du groupe. Plusieurs usines étaient représentées, notamment celle de Douai, dans ma circonscription, où les salariés sont inquiets pour l'avenir même du site. Avec la perte d'un quart de la production après les difficultés rencontrées sur les modèles Talisman et Espace, l'usine continue de voir ses effectifs diminuer.
Les conditions de travail étaient également au coeur des discussions. Selon les syndicats, de plus en plus de salariés s'orientent vers la maison départementale des personnes handicapées (MDPH), les troubles musculo-squelettiques explosent, les employés étant victimes de ce fléau de plus en plus jeunes, parfois dès l'âge de trente ans.
Face à cette dure réalité, la polyvalence est rendue impossible par la présence massive des intérimaires, attachés à un poste fixe sur les chaînes de production, les lignes les plus difficiles étant parfois composées de 90 % d'intérimaires. C'est bien là le drame de Renault : alors que le groupe n'a jamais été aussi riche, les effectifs en CDI ont fondu comme neige au soleil depuis plusieurs années. Les CDI sont remplacés par les intérimaires. Côté salaires, la politique pudiquement appelée de « modération salariale » fait baisser le pouvoir d'achat des salariés.
Ma question est simple : comment expliquer que, dans un groupe qui n'a jamais fait autant de bénéfices, cela se traduise par moins d'emplois, moins de salaires et plus de précarité ?