Intervention de Pierre Dharréville

Réunion du mercredi 24 janvier 2018 à 9h30
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Dharréville :

Le débat engagé par nos collègues du groupe La France insoumise – et je salue les questions posées courageusement par Mme Caroline Fiat – touche à un sujet sensible. Il a soulevé un questionnement dans notre groupe, avec des regards différents, et nos échanges vont encore se poursuivre dans le futur.

Si ce sujet touche à l'intime, c'est bien la réflexion qui doit conduire nos décisions. Les questions sont vastes, et d'abord sur la loi actuelle qui prévoit des dispositifs d'accompagnement et sur son évaluation. À l'époque, nous avions voté ce texte en pensant qu'il permettrait de répondre de manière digne et apaisée à la quasi-totalité des situations de fin de vie, soulignant le refus de l'acharnement thérapeutique, l'impérieuse nécessité de soulager les souffrances dans le cadre d'une sédation profonde et continue jusqu'au décès.

Les moyens pour appliquer ces lois ont-ils vraiment été accordés ?

Se posent ensuite des questions sur la liberté, sur notre rapport à la dignité des personnes malades, en manque aggravé d'autonomie ou en fin de vie, sur la dignité dans sa dimension ontologique, sur les moyens accordés aux soins palliatifs, sur la tâche noble et parfois ingrate de l'accompagnement sous toutes ses facettes, sur les conditions de la fin de vie et sa prise en charge financière, sur la pression sociale qui s'exerce parfois sur celles et ceux qui n'ont plus complètement leur destin en main, sur l'universalité des droits et le rapport de chacun à sa propre fin, sur le fait de savoir jusqu'à quand et jusqu'où nos choix sont libres et comment le codifier, sur la vulnérabilité de chaque sujet aux différents moments de son existence, sur le suicide et les responsabilités sociales face à la mort, sur notre réaction face au désir de mort d'autrui et ses sources, sur le sens de la vie quand elle touche à sa fin, sur la responsabilité de chacun, de la famille et des soignants, et sur les effets induits de la possibilité qu'il est proposé d'ouvrir. Tout cela ouvre une discussion éthique intense et profonde que nous allons poursuivre.

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