Intervention de Thibault Bazin

Réunion du mercredi 24 janvier 2018 à 9h30
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaThibault Bazin :

Nous sommes réunis ce matin pour étudier la proposition de loi du groupe La France insoumise légalisant l'euthanasie et le suicide assisté. J'y suis opposé.

Il aurait été judicieux d'attendre le résultat des états généraux de la bioéthique lancés la semaine dernière. C'est un sujet sérieux qui touche à la dignité de la personne. La perte d'autonomie et l'altération de la conscience n'enlèvent en rien sa dignité à une personne, et le législateur doit faire preuve d'une grande prudence car la vie le dépasse.

Vous posez de bonnes questions, madame la rapporteure, sur les sentiments d'abandon, de solitude, d'indifférence, mais vous n'y apportez pas la bonne réponse. En légalisant l'euthanasie et le suicide assisté, vous supprimez en fait les questions relatives à l'accompagnement de la fin de vie. Cela relève d'une réflexion éthique et bioéthique, de notre vision des personnes vulnérables et des personnes en perte d'autonomie dans notre société. La perte de l'autonomie ne signifie pas la perte de la dignité.

Plutôt que de légaliser l'euthanasie et le suicide assisté, il faut veiller à la mise en oeuvre réelle du plan de développement des soins palliatifs annoncé pour la période 2015-2018. Cependant, le budget annoncé de 190 millions d'euros est bien insuffisant ; il est d'ailleurs inférieur au plan pour 2008-2012 qui s'élevait à 230 millions d'euros. Il faudrait adopter un plan rectificatif pour 2017-2021 d'au moins 300 millions d'euros.

Plutôt que de légaliser l'euthanasie et le suicide assisté, il faut assurer un suivi précis de la loi sur la fin de vie du 2 février 2016 pour que les pratiques confirment bien l'intention poursuivie – soulager la douleur et non donner la mort – et pour assurer le caractère proportionné du moyen utilisé pour répondre à l'intention en question. Former, accompagner, soulager, ne pas s'acharner, apprécier avec discernement et de manière concertée : voilà les vrai enjeux qui respectent la personne humaine et sa dignité.

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