Monsieur le Premier ministre, en toute humilité, je souhaiterais recueillir votre sentiment à propos d'un sujet sensible pour tous ceux qui aiment la si belle et bouleversante histoire franco-algérienne.
La victoire électorale du Front islamique du salut le 26 décembre 1991, le coup d'État qui s'ensuivit et l'arrivée au pouvoir du président Bouteflika, en 1999, auraient donné lieu à un accord aux termes duquel le pouvoir reviendrait à l'armée à la fin de la présidence de ce dernier.
Or il y a tout lieu de craindre que l'armée algérienne d'aujourd'hui ne soit plus animée seulement par les sentiments qui étaient ceux de l'armée de libération de Ben Bella et de Boumédiène. Nombre d'observateurs prétendent même qu'elle serait profondément infiltrée par des courants islamistes, d'inspiration notamment salafiste.
La situation politico-économique de l'Algérie est difficile. Nombreux sont ses ressortissants qui, par milliers, rejoignent déjà l'Espagne, l'Italie et la France, où une partie des accords d'Évian s'applique encore.
Si par malheur l'Algérie, notre soeur, devait tomber entre des mains indélicates, ne pensez-vous pas que les conséquences pourraient en être terribles pour elle, pour ses voisins et pour la France ? Nous avons déjà eu à connaître du douloureux problème des migrations de notre temps. Nous qui partageons une si longue histoire avec l'Algérie, qui partageons la même frontière, la Méditerranée, ne risquons-nous pas de voir s'installer un couloir migratoire sans précédent, avec le terrible effet de résonance qu'il pourrait entraîner ?
Alors que la santé du président Bouteflika se fait de plus en plus chancelante, j'imagine, monsieur le Premier ministre, que vous suivez de très près l'évolution de cette grande affaire avec les autorités algériennes. Que pouvez-vous nous en dire ?