S'il n'est plus le mineur d'hier, l'employé en plateforme de préparation de colis souffre, lui aussi. Alors qu'un salarié d'aujourd'hui produit en moyenne quatre à cinq fois plus qu'un salarié en 1980, nous ne pouvons nous résoudre à l'idée que le travail demeure une souffrance. On se suicide au travail ; on meurt encore au travail. Mais nous pouvons empêcher cela ; nous pouvons faire autrement. Nous pourrions redonner au travail tout son sens, et donc sa juste place dans la vie. Nous pourrions lui redonner son rôle d'accomplissement personnel. Pour y parvenir, nier la réalité des souffrances est un mauvais départ. Au contraire, il faut les reconnaître pour mieux les prévenir.
L'épuisement professionnel n'est pas un fait dépendant de je ne sais quelle supposée faiblesse individuelle. L'épuisement professionnel est scientifiquement défini par trois critères : l'épuisement émotionnel, la déshumanisation – ou dépersonnalisation – et la diminution du sentiment d'accomplissement. L'épuisement professionnel est donc un syndrome, qui conduit à des pathologies telles que la dépression, l'anxiété généralisée ou encore le stress post-traumatique. C'est une réalité mesurable, et les outils scientifiques existent, qui permettent de le distinguer clairement d'une dépression d'origine personnelle, par exemple.