Après des décennies de déni de ce problème – comme de tant d'autres qui ont accablé les salariés – , cette maladie est dorénavant reconnue par tous. Mais peut-être la société elle-même continue-t-elle à ne pas vouloir regarder en face ce qu'à présent chacun s'accorde à dire qu'il faut combattre. Le mot burn-out représente presque un euphémisme ; en bon français, on dit « l'épuisement professionnel ». Le burn-out peut figurer comme une brève, mais qui supporterait que, dans notre pays, des gens en viennent à mourir de l'épuisement professionnel ? Personne. Et s'il fallait rendre toute la saveur du mot anglais burn-out, on parlerait en bon français des « cramés du boulot » : cramés à cause du boulot, dans et par le boulot. Or avant d'être la torture que suggère la Bible, le travail est aussi un accomplissement. Tous y aspirent ; et c'est cela qui leur est refusé. C'est la première des souffrances dont on finit par mourir.
Le burn-out serait multifactoriel ? Allons, qu'est-ce qui ne l'est pas ? Toute l'existence est multifactorielle. Toutes sortes de causes conduisent à toutes sortes d'actes, mais ce caractère multifactoriel des phénomènes ne nous dispense pas de l'unicité des décisions. Cela s'appelle la volonté. C'est à cela que nous appelons aujourd'hui. Si vous aviez permis le débat, vous auriez amélioré cette loi puisqu'elle vous paraît imparfaite. Mais au moins aurions-nous pris cette décision capitale de progrès social : plus personne ne doit mourir au travail !