Vous avez répondu à toutes les questions, mais je reviens néanmoins sur ce qui reste assez peu compréhensible pour le citoyen, à savoir le fait que, alors qu'en 2014 la décision de vendre Alstom Power est justifiée devant l'opinion par le fait qu'en concentrant tous nos moyens sur la branche « Transport », on va bâtir le géant français du ferroviaire, il est décidé trois ans plus tard de céder Alstom Transport. Il a bien dû se passer quelque chose, et j'imagine que ce n'est pas entre-temps que l'on a découvert que la Chine s'apprêtait à dominer le marché.
Quant au document présenté à l'époque par M. Kron devant l'assemblée générale des actionnaires, il insiste très lourdement sur le fait qu'Alstom Transport est l'activité la plus rentable de l'entreprise et qu'elle génère à elle seule la moitié de la profitabilité ; bref, tout plaide en faveur de sa volonté sincère de se redéployer et rien ne laisse imaginer la totale abdication à venir. Cela ne veut pas dire que l'on ne pouvait pas envisager un partenariat ou une alliance entre égaux avec Siemens en vue de construire le TGV du futur, à la manière d'un Airbus européen, mais ce n'est clairement pas le choix qui a été fait, et j'ai du mal à comprendre ce qui s'est passé.
Comme vous l'avez suggéré, l'explication officieuse du désengagement de l'État, qui n'a pas fait valoir son option d'achat, serait que les Allemands ne souhaitaient pas la présence de l'État au sein de Siemens, mais ce revirement de stratégie de la France, trois ans après avoir prétendu faire d'Alstom un champion français dans le domaine des transports, est incompréhensible.