Merci pour votre intervention préliminaire, qui a rappelé les objectifs de la politique industrielle de la France et leurs contradictions parfois très tangibles dans certains secteurs. Je souscris totalement à votre dernière remarque sur l'évolution rapide du monde industriel : trois ans est une durée qui peut paraître courte en politique, mais le monde de l'entreprise est un monde rapide, et ce temps suffit pour que s'opère un retournement de marché. Vous avez évoqué les télécoms où quelques mois ont suffi pour que Blackberry s'effondre.
Vous avez également indiqué – je cite vos propos – que d'un point de vue industriel, le rapprochement d'Alstom Transport avec Siemens avait du sens. Je rappelle qu'il s'agit de l'événement déclencheur, à l'origine de la création de cette commission d'enquête, et je trouve donc votre point de vue intéressant.
Vous avez à ce propos estimé que l'une des vertus de notre commission serait de définir ce qu'était une entreprise stratégique. On le sait, c'est là ma question totem ; je la pose à chaque personne que nous auditionnons, et je ne dérogerai pas aujourd'hui à la règle, en demandant : que sera demain une entreprise stratégique ?
Le ministre de l'économie a récemment fait part de son intention de compléter le décret Montebourg : « Je pense par exemple, a-t-il déclaré, à tout ce qui a trait à la protection des données personnelles. Est-ce qu'on a vraiment envie que des investisseurs puissent commercialiser des données qui nous appartiennent ? Je pense à l'intelligence artificielle, secteur très sensible sur lequel nous voulons investir davantage. »
Aujourd'hui secrétaire général de SFR, vous êtes un fin connaisseur des télécoms et du numérique : selon vous, quels seront demain les secteurs stratégiques dans le domaine du numérique et qui pourraient, de ce fait, justifier une intervention de l'État ?