Elle a été classée sans suite. Vivendi n'avait rien à se reprocher.
J'en viens à votre question relative au pantouflage, que j'élargirai au problème des liens entre le privé et le public. Le rapport Barbier de la Serre dont je vous parlais visait en particulier à créer des ponts entre l'un et l'autre, via une institution ad hoc : l'Agence des participations de l'État. L'idée consistait à faire travailler des personnes du secteur privé avec des fonctionnaires d'État pour gérer au mieux le patrimoine de l'État.
Dans les faits, c'est très difficile. À l'époque où j'étais en fonction, je crois me souvenir que, sur les cinquante personnes travaillant pour l'agence, une seule était issue du privé – la plupart des autres venaient de la direction générale du Trésor, et parfois de la direction du budget ou d'autres administrations centrales. Lorsque j'ai pris mes fonctions, j'étais moi-même une espèce d'hapax : même s'ils ont eu une expérience du privé, mes prédécesseurs et mes successeurs sont plutôt des hommes du secteur public, contrairement à moi.
Une commission de déontologie se penche sur votre cas lorsque vous prenez vos fonctions dans certains postes, mais aussi lorsque vous les quittez. Si en matière d'industrie et de patrimoine de l'État, l'idée de mêler les compétences de personnels issus du public et du privé me paraît bonne, il est très difficile d'attirer ceux qui viennent du privé, principalement en raison des règles déontologiques. Lorsque vous quittez votre poste à l'APE, elles vous imposent de ne pas travailler dans les secteurs que vous avez surveillés. Quand vous avez passé quatre ans sur un sujet et que vous quittez l'administration, il vous est donc interdit de poursuivre une activité dans votre secteur de compétence : c'est extraordinairement handicapant !
Je ne conteste pas cette règle, mais elle explique qu'il soit très difficile de faire travailler des personnels du privé dans l'administration.
Madame El Haïry, je ne suis pas en mesure de vous éclairer sur le 1 % prêté à STX. Je ne suis pas particulièrement au fait de cette opération récente. Je peux en revanche rappeler une chose : à l'époque où j'étais en poste à l'APE, STX était une société coréenne. Apparemment cela ne gênait personne ! Aujourd'hui, STX appartient à des Italiens ; je suis surpris que l'on s'en offusque ou qu'on le regrette. Pour le reste, je pense que l'État a fait ce qu'il fallait pour protéger ses « intérêts stratégiques » dans sa négociation avec Fincantieri, mais je ne connais pas les détails du dossier.