Intervention de Nicolas Dufourcq

Réunion du mercredi 31 janvier 2018 à 10h35
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Nicolas Dufourcq :

En ce qui concerne la couverture du territoire national, nous disposons de cinquante agences, et ce chiffre ne s'élèvera jamais à cinq cents ; nous devons donc nous projeter avec nos propres moyens. Ces moyens sont ceux de la banque nomade, et les entrepreneurs installés dans de petites villes connaissent la BPI ; nous n'avons pas d'agence à Charleville-Mézières ou à Issoudun, mais nous finançons les entrepreneurs qui s'y trouvent.

Par ailleurs, pour le tissu des TPE, notre instrument privilégié est le numérique, avec le prêt TPE en ligne, que nous avons commencé à déployer. Cela représente un changement assez significatif, et, de facto, transforme Bpifrance en une sorte de fintech mariant finance et technologie. C'est absolument cela qu'il faut faire.

Dans trois semaines, nous lancerons une campagne d'explication de cette évolution à l'intention des TPE dans toute la presse régionale, car nous devons faire connaître nos produits et faire savoir qu'ils sont disponibles en ligne de manière extrêmement simple ; comme c'était le cas du financement du CICE. Nous travaillons aussi très bien avec les banques, qui sont nos grands relais ; et il faut qu'elles distribuent nos produits.

Au regard des inquiétudes qui avaient marqué la création de Bpifrance et ma nomination, au cours de l'hiver 2012-2013, les choses ne se sont pas passées comme d'aucuns l'avaient prévu.

Nous avons construit une gouvernance qui garantit l'indépendance de la banque. Le comité d'investissement est l'organe le plus important, il est présidé par une personnalité indépendante, Frédéric Saint-Geours, président de la SNCF, et la numéro 2 de L'Oréal, Barbara Lavernos, y participe ainsi que la directrice financière de Carlson Wagonlit. Le débat est riche et ouvert dans ce comité, au sein duquel l'État et la Caisse des dépôts sont représentés, à un niveau qui est celui de professionnels de l'investissement.

Nous n'avons jamais reçu d'oukase pour nous contraindre à réaliser un investissement dont nous n'aurions pas voulu : alors que je m'attendais à recevoir beaucoup de coups de téléphone, cela n'a pas été le cas, il y a eu très peu d'interventions. À cet égard, on peut considérer que la France est désormais complètement mature, par rapport à l'image que l'on s'en faisait : n'oublions pas que l'on venait du monde des sociétés de développement régional (SDR), qui avait connu beaucoup d'interventions les ayant conduites à la faillite. Tout cela est terminé. Nous avons par ailleurs été protégés par le précédent Président de la République, qui n'est jamais intervenu, et il en va de même pour son successeur.

À Mme Rabault, j'indiquerai que la grande nouveauté est que le préfinancement du CICE va s'arrêter, mais nous poussons les feux sur toutes les autres gammes de produits de financement à court terme, qui demeurent fondamentales et indispensables.

Ce sont par ailleurs plutôt nos prêts sans garantie qui financent les fonds de roulement. La question qui se posera dans les années à venir sera celle du financement des fonds de garantie, qui permette d'en assurer la pérennité. Il n'est pas impossible que Bpifrance prélève quelque peu sur ses fonds propres, car elle a accumulé pas mal de réserves, afin de maintenir cette pérennité ainsi que notre capacité à déployer ce produit qui est fantastique.

Ainsi un entrepreneur peut-il lever jusqu'à 5 ou 10 millions d'euros sans garantie, donc, de facto, en quasi-fonds propres, presqu'en mezzanine.

J'avoue, par ailleurs, madame que nous n'avons pas pratiqué le financement par département, car c'est très difficile à réaliser.

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