Monsieur le ministre de l'agriculture et de l'alimentation, l'agriculture est le coeur battant de notre pays ; elle est une fierté collective parce qu'elle produit ce que nous avons de plus cher : notre alimentation. C'est un atout économique, l'essence même de l'identité de nos territoires, qu'elle entretient, et la vie de nos bourgs. Elle est riche de ses savoir-faire mais surtout de ses paysans, des agricultrices et des agriculteurs qui aujourd'hui traversent une crise morale insupportable, des femmes et des hommes qui, au fil de l'histoire, ont transformé leur métier, leur outil de travail, et qui continueront à le faire pour permettre un nouveau modèle agricole que nous appelons de nos voeux, et alors même qu'ils sont souvent montrés du doigt.
Monsieur le ministre, je parle là d'un monde paysan en détresse, déterminé mais isolé, avec des travailleurs acharnés qui oeuvrent parfois jusqu'à quatre-vingts heures par semaine pour 350 euros par mois, des femmes et des hommes qui font travailler leurs aînés pour sauver leur exploitation, des jeunes diplômés qui peinent à s'installer pour extraire les richesses de notre terre. Je sais que vous partagez ce constat, que c'est en ce sens que vous avez impulsé les états généraux de l'alimentation qui sont une véritable réussite et que je tiens à saluer.
Mais, monsieur le ministre, je souhaite vous interpeller sur l'application d'un nouveau zonage pour l'indemnité compensatoire de handicaps naturels qui pose problème dans de nombreux territoires. Dans mon département des Deux-Sèvres, elle représente une intervention auprès de 1 200 exploitations agricoles réparties sur 186 communes, pour un montant annuel moyen de 6 000 euros par exploitation. Demain, avec l'application probable du nouveau zonage, ce sont 95 % du département qui ne seront plus éligibles à cette indemnité. C'est un véritable drame pour le monde paysan qui a besoin d'être entendu, qui a besoin d'être soutenu et surtout de pouvoir vivre enfin de son travail.
Dès lors, monsieur le ministre, ma question est la suivante : comment comptez-vous mettre en cohérence nos orientations politiques agricoles avec le futur zonage ICHN ?