Si vous voulez des gens accrochés à leur territoire, élisez des moules ou des bigorneaux. Mais si vous parlez au peuple français, il convient que vous vous rappeliez que nous sommes un peuple mouvant. Quant à moi, pied-noir et, surtout, pied-noir pauvre, je fais partie de ceux qui ne supportent pas que l'on vienne continuellement leur demander d'où ils sortent, ce qui a pourtant été la récitation partout où je suis passé. Même les nationalistes corses disent que l'on peut être Corse du moment que l'on a un sentiment d'appartenance à la Corse. C'est ce sentiment-là qui nous est refusé à cet instant.
Vous vous plaignez du recul de l'influence française – j'ai dit tout à l'heure ce qu'il fallait penser de l'abstention, et la plupart d'entre nous pensent la même chose ici – , mais c'est la France elle-même, et par la voix de ses plus hauts responsables, qui a signifié que sa parole ne voulait rien dire. Quand les Français ont voté « non » au référendum de 2005 – quoi que l'on pense de ce référendum et de ce traité – , on a dévalorisé la parole de la France en disant à Mme Merkel que l'on ne tiendrait aucun compte de ce vote et que l'on allait découper le texte et le remettre dans un autre ordre, comme l'avait dit M. Giscard d'Estaing.