Intervention de Jean-Luc Mélenchon

Séance en hémicycle du mardi 13 février 2018 à 15h00
Élection des représentants au parlement européen — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Mélenchon :

ceux qui donnent tout le pouvoir au banquier central sans que personne ne puisse lui faire une remarque – on n'a pas le droit de l'influencer, ni de l'interpeller mais lui a le droit de s'exprimer lorsque les choses vont mal ; il peut assister à la réunion commune – heureusement qu'il y était – en 2008 lorsque le président Sarkozy a dû essayer de trouver une parade à la catastrophe dans laquelle le monde entier et l'économie capitaliste étaient précipités. Le même banquier central et d'autres qui sont nommés par des collèges, ces gens-là ont le droit de décider comme ce fut le cas à Chypre et en Grèce de couper l'accès aux liquidités pour obliger les gouvernements et les parlements à adopter leurs mesures – pas un seul élu du Parlement chypriote n'était prêt à voter le mémorandum, pas un seul, m'entendez-vous, ne l'a voté ; il leur a été imposé de force en coupant les liquidités.

La même chose s'est passée pour la Grèce : pour la contraindre à céder, on a fermé le robinet, et il n'y a plus eu d'argent. Dans n'importe quel État du monde, cela aurait été considéré comme une déclaration de guerre, puisqu'on s'attaquait aux moyens essentiels de la vie du pays. Voilà le tableau. Si on ne modifie pas ces règles, vous n'aurez pas l'Europe !

On en vient à ne plus savoir qui sont les prétendus europhobes et autres eurosceptiques… Pour ma part, j'appartiens à une tradition qui est celle de Jaurès et de Victor Hugo : toujours, nous avons voulu la constitution de grands ensembles transnationaux reposant sur les peuples pour arrêter la guerre. Seulement, il ne se passe pas une session du Parlement européen sans que l'on vote un texte expliquant que la France doit désarmer et s'intégrer à une improbable organisation militaire, commandée par d'autres que par nous ! Ils nous entraînent dans leurs conflits, dont nous ne voulons pas, notamment avec les Russes.

Voilà de quoi on parle ; voilà, en tout cas, sur quel terrain nous voudrions placer le débat. Nous n'accusons personne de rien : ni d'être europhobe, ni d'être eurobéat. Nous faisons face à un énorme défi de civilisation : nous devons impérativement trouver la solution qui nous permette de sortir par le haut de la situation actuelle, tous ensemble évidemment, le plus largement possible, non seulement les peuples d'Europe, mais aussi nos riverains, francophones, du bassin méditerranéen, que nous abandonnons la plupart du temps. Voilà ce que je voulais vous dire.

Enfin, il y a un état d'esprit épouvantable dans cette Europe, entretenu notamment par les bureaucrates qui la dirigent. Je pense à M. Juncker, qui a organisé pendant des années la fraude fiscale dans son pays et qui déclare qu'il n'y a pas de démocratie possible en dehors des traités – or la démocratie, c'est aussi de remettre en cause des traités, même si ce n'est bien sûr pas que cela – ou bien à M. Schäuble, qui affirme que la France aimerait qu'on la force à adopter les règles qui prévalent en Allemagne. Qui sont ces gens ? D'où tirent-ils l'audace de nous parler de cette manière ? Je vous abandonne à cette réflexion, mes chers collègues. C'est celle que vous propose mon groupe, La France insoumise.

Nous allons participer loyalement au débat sur ce projet de loi. En tout cas, soyez sûrs que nous sommes partisans de l'émergence d'un peuple européen, donc de la liste transnationale, et du retour du peuple français, donc de la liste nationale.

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