Cet amendement vise à substituer au scrutin proportionnel un scrutin uninominal à deux tours – celui qui est utilisé pour procéder à notre propre élection, mes chers collègues.
Vous n'ignorez pas que ce projet de loi vise en premier lieu à surmonter la défiance croissante de nos concitoyens européens, qui peinent à identifier leurs députés au Parlement de Strasbourg. Cette difficulté vient du fait que peu de personnes réussissent à mettre un visage sur leurs députés européens : de fait, elles ne se les approprient pas. Elles ne rencontrent pas le même problème avec leurs représentants au Palais-Bourbon car, en vous élisant, les citoyens ont élu un nom et pas simplement une étiquette.
C'est donc en vertu de cet ordre des choses qu'il convient de créer un lien personnel entre chaque citoyen et son député européen. En effet, le mal qui touche la représentativité du Parlement européen en France vient non pas de l'incohérence des circonscriptions mais du scrutin à la proportionnelle. Certes, ce mode de scrutin paraît peut-être plus démocratique et permet une meilleure représentation des courants d'idées qui parcourent la société, mais il dépersonnalise le lien entre l'élu et ceux qui l'ont désigné.
Il est évidemment plus concret et plus pragmatique de demander aux électeurs européens en France d'élire avant tout des femmes et des hommes pour ce qu'ils sont, pour leur intégrité, pour leurs actes, que de leur proposer de plébisciter des courants d'idées mises en oeuvre à un niveau très lointain, derrière lesquels on recase souvent des perdants aux élections.
Si vous voulez que nos concitoyens puissent jeter un regard familier sur l'Union, alors permettez-leur de mettre un visage sur le bulletin qu'ils glisseront dans l'urne lors des prochaines élections européennes.