Intervention de Émilie Bonnivard

Séance en hémicycle du mercredi 21 février 2018 à 15h00
Questions sur la politique nationale en matière de sécurité routière et d'aménagement des infrastructures de transport

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉmilie Bonnivard :

Monsieur le secrétaire d'État, le rapport du conseil d'orientation des infrastructures, rendu le 1er février, comporte quatre lacunes relatives au Lyon-Turin, particulièrement dommageables s'il s'agit de permettre de juger de manière éclairée – et je suis sûre que telle est votre intention – du calendrier de réalisation des accès.

Tout d'abord, le rapport n'évoque pas la date de mise en service de la partie transfrontalière entre Saint-Jean-de-Maurienne et Suse, c'est-à-dire 2029, alors que les travaux actuels de creusement avancent au rythme prévu, conformément à l'engagement du Président de la République. Or la réalisation de la partie transfrontalière, longue de cinquante-sept kilomètres, n'aura évidemment de sens que si nous disposons des capacités adéquates d'acheminement des marchandises dans un délai raisonnable, ce que ne permet pas la solution préconisée dans le rapport, rien n'étant envisagé avant 2038.

Par ailleurs, la solution que le rapport privilégie en attendant, consistant à moderniser la ligne entre Ambérieu et Aix-les-Bains, comporte – comme l'a très bien dit Typhanie Degois – des impossibilités techniques et environnementales qui ne la rendent absolument pas crédible s'il s'agit de mettre en oeuvre un véritable report modal.

De plus, cette hypothèse contrevient totalement au principe même qui justifie l'engagement de l'Europe en faveur de l'infrastructure, à savoir la création d'un corridor européen ferroviaire est-ouest, dit corridor méditerranéen. L'axe Dijon-Modane préconisé dans le rapport est un axe nord-sud : il nous priverait des financements de l'Union européenne destinés aux accès et entrerait en concurrence avec d'autres axes nord-sud déjà existants et particulièrement performants.

Enfin, que diront nos amis italiens, qui ont accepté de financer à hauteur de 35 % le tunnel de base, contre 25 % pour la France, en raison, précisément, du coût plus important des accès du côté français, quand on leur expliquera que, finalement, tout est reporté après 2038 ?

Comme l'a bien dit ma collègue, le fret et le transport de voyageurs sur les lignes des Alpes sont entièrement liés.

Ma question est simple : alors que le trafic de poids lourds sur le littoral méditerranéen, à travers les tunnels du Mont-Blanc et du Fréjus, ne cesse de croître – respectivement de 8 % et de 4 % en 2017 – , quelle est votre position quant aux préconisations du rapport ? Entendez-vous organiser une concertation avec les élus et les acteurs économiques des territoires sur la question des accès ? Si oui, quand ? En tout état de cause, on ne peut absolument pas se satisfaire d'un report après 2038 de la réalisation des accès.

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