Je vous donnerai ces paramètres objectifs car je ne les ai pas tous en tête et je vous communiquerai un rapport d'inspection qui vous en donnera une vision très claire. Ensuite, bien sûr, la part de subjectivité dans la mesure du moral des soldats est évidente mais bien moins importante que vous n'imaginez.
La question des recrutements dérogatoires, si elle n'est pas une colle, relève des compétences de la direction des ressources humaines du ministère des Armées. Je n'ai en tout cas, pour ma part, pas du tout été moteur dans cette demande. Disposer de contractuels, civils comme militaires, permet une grande souplesse de gestion. Ainsi, si un gros effort est nécessaire demain dans tel domaine, on peut recruter des contractuels puis les libérer, ce qui permet d'éviter le recrutement de garçons ou de filles pour trente ou quarante ans au prix, à terme, de distorsions entre les besoins et leurs compétences.
J'en viens à la question des gilets et de l'acquisition des matériels. Je vais vous donner un exemple très précis : la tenue de sport de l'armée de terre a plus de vingt ans. Je dis souvent en plaisantant que quand, au cross, on a fini l'échauffement, pour enlever le pantalon, il faut enlever les chaussures, alors qu'aujourd'hui la plupart des pantalons de survêtement ont une fermeture éclair permettant d'enlever le pantalon sans enlever ses chaussures, ce qui est d'autant plus intéressant qu'en général les zones de départs de cross, dans l'armée de terre, sont près des zones d'échauffement, y compris l'hiver.
Tout cela pour vous dire que notre tenue de sport est entièrement décalée par rapport aux standards civils. Tous les équipements sportifs actuels sont à l'opposé des nôtres, qu'il s'agisse de la matière ou de la coupe. En effet, 90 % des jeunes Français font aujourd'hui du sport avec des shorts arrivant à mi-cuisses. L'armée de terre est la seule à avoir des shorts que je ne qualifierai pas et qui de surcroît ne conviennent absolument pas aux filles puisqu'ils sont fendus presque jusqu'à la hanche. Aussi les filles portent-elles des tenues différentes de celles des garçons, ce qui n'est pas une bonne chose. J'ai depuis un an saisi l'état-major du sujet et déclaré il y a quinze jours que si, demain, la ministre annonçait nous donner 11 millions d'euros, tout serait prêt pour doter l'armée de terre d'une nouvelle tenue de sport : tous les travaux ont été réalisés, tous les chiffrages, tout est homologué, le commissariat aux armées est prêt à passer la commande. J'ai d'autres sujets de cette nature qui permettront, si on le décide, d'occuper le terrain pendant les temps de latence que j'évoquais tout à l'heure.
Je précise à toutes fins utiles que la tenue de sport n'est pas un sujet de petite importance : il s'agit d'une tenue de préparation opérationnelle – le sport fait partie de l'entraînement du soldat – et, ceux qui sont allés en opération le savent, quand vous quittez votre treillis à Tessalit ou à Gao, vous ne vous mettez pas en jeans et baskets mais en tenue de sport. Or, avec une somme assez modeste rapportée à l'augmentation du budget de la défense de 1,7 milliard d'euros par an, on est capable d'équiper toute l'armée de terre avec une nouvelle tenue de sport très rapidement.