Concernant notre positionnement dans le renseignement : il est patent que nous ne pouvons pas nous comparer aux Américains, qui ont un budget vingt fois supérieur. Et dans le domaine spatial, dont je viens, leur budget doit même être cinquante fois supérieur. Nous ne jouons pas dans la même cour !
Il y a deux secteurs sur lesquels nous devons travailler et essayer de promouvoir la coopération européenne dans le domaine du renseignement : la surveillance de l'espace et l'alerte avancée.
La surveillance de l'espace consiste à surveiller les satellites qui sont au-dessus de nous, qu'ils soient en orbite basse ou qu'ils soient en orbite géostationnaire – pour les satellites de télécommunication.
Aujourd'hui, nous avons en service une première capacité, notamment avec le radar GRAVES, qui a été conçu et développé par l'Office national d'études et de recherches aérospatiales (ONERA) il y a plus de dix ans. Nous devons continuer à l'améliorer. C'est prévu. Par ailleurs, nous devons le compléter avec des moyens d'observation optique, des télescopes. Et il faut le faire à l'échelle européenne. Des initiatives ont déjà été lancées, notamment avec les Allemands. C'est l'un des axes identifiés dans la LPM.
Quant à l'alerte avancée, c'est-à-dire la détection du départ des missiles balistiques, nous n'en sommes qu'au stade des études. Nous avons réalisé dans le passé des démonstrations technologiques en orbite, avec SPIRALE – acronyme de « système préparatoire infrarouge pour l'alerte » – sur des satellites qui ont été lancés voici une dizaine d'années. Dans ce domaine aussi, il faut chercher à promouvoir la coopération européenne.
Dans le domaine de l'observation, notre imagerie optique est de très bonne performance. Nous avons des échanges avec nos partenaires pour disposer d'une imagerie radar, qui vient compléter l'imagerie optique.
À l'horizon 2020, nous comptons livrer le système CERES – pour « capacité de renseignement électromagnétique spatiale ».
Dans les télécommunications, nous avons ce qu'il faut depuis les premiers satellites Syracuse des années quatre-vingt. C'est donc en matière de surveillance de l'espace et de l'alerte avancée qu'il faut essayer, autant que possible, de se développer et de le faire en coopération européenne.
Comment aller chercher l'innovation civile ? C'est en effet un sujet clé. Nous avons créé en 2016 DGA Lab, c'est-à-dire un outil de rencontre entre des innovateurs, qui proposaient des matériels existant dans le civil, et des opérationnels qui exprimaient un besoin. Je peux vous donner un exemple. Nous avons actuellement en cours ce que nous appelons un « défi », processus qui consiste à rapprocher les innovateurs du civil et des utilisateurs militaires, et qui porte sur les drones indoor, c'est-à-dire capables d'entrer dans les bâtiments. Il est prévu de généraliser la démarche à l'ensemble du ministère. Le processus connaîtrait alors une montée en puissance, DGA Lab deviendra Innovation Défense Lab. L'idée est toujours de repérer les technologies civiles disponibles qui pourraient nous être utiles, et si les armées estiment que c'est bien le cas, de rapprocher les uns et les autres, puis de mettre en place un processus contractuel passant par un appel d'offres, et faire en sorte que les matériels répondant à nos besoins nous soient livrés le plus rapidement possible.
Donc, cette démarche existe depuis deux ans environ. Les premiers résultats sont attendus au milieu de cette année, et la généralisation de la démarche à l'ensemble du ministère interviendrait dans le cadre du chantier de modernisation.