Nous avons eu l'occasion de participer à des réunions de travail très intéressantes avec des hauts responsables militaires, politiques et industriels dans le domaine du numérique. Nous revenons avec la conviction renforcée que l'intelligence artificielle – avec tout ce que cela englobe : cloud, big data, internet des objets, combat collaboratif sur le terrain – va jouer un rôle fondamental de rupture dans les années qui arrivent, à l'instar de l'arrivée de la poudre ou de l'arrivée de l'atome. Notre défense doit être au rendez-vous pour éviter tout risque de déclassement opérationnel.
Ma première question se rapproche un peu de celle de Jean-Michel Jacques sur les petits équipements. Il semble qu'il faille réformer fondamentalement notre procédure d'acquisition. On parle de délais, mais il faut aussi penser aux méthodes. Tout à l'heure, vous avez dit que le contrat était passé quand on savait ce que l'on voulait. En matière de numérique, cela ne se vérifie pas forcément puisque, une fois que l'on a fini le prototype, il est bien souvent dépassé. Cela explique que le DoD – le département de la défense aux États-Unis – a récemment signé un contrat avec Amazon pour un milliard de dollars par an, sans savoir exactement ce qu'ils veulent, simplement pour implémenter du cloud. Dans ces conditions, comment réformer fondamentalement cette procédure d'acquisition pour le numérique ?
Deuxièmement, comment la DGA soutient-elle l'innovation d'usage, pour des questions de performance ? Le Strategic Capabilities Office (SCO) le fait, pour voir les « briques » qui existent et les mettre directement aux mains des armées.