Intervention de Anne-Christine Lang

Réunion du mercredi 7 février 2018 à 16h15
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAnne-Christine Lang :

Je reviens sur la question de la prise en charge des moins de trois ans, c'est-à-dire des enfants âgés de deux à trois ans : tout le monde s'accorde à dire qu'il s'agit d'un âge-clé pour les apprentissages, donc pour la lutte contre les inégalités.

Afin de rétablir l'égalité des chances, il faudra sans doute un « choc d'offre » sur l'accueil de ces enfants dans les structures collectives. Au-delà de l'aspect qualitatif, un débat a lieu depuis bien longtemps sur la dimension qualitative de cet accueil : certains se demandent si c'est l'accueil en crèche qui offre à ceux qui en ont le plus besoin, c'est-à-dire aux enfants âgés de deux à trois ans, toutes les stimulations nécessaires pour prévenir tous les retards dans les apprentissages, notamment dans l'apprentissage du langage.

À l'inverse, l'école, sans doute plus exigeante au plan des apprentissages, n'est pas toujours parfaitement adaptée aux tout petits. J'ajoute que, si on en croit une étude récente de France Stratégie, les bénéfices de la scolarisation précoce ne semblent pas parfaitement avérés.

Comment répondre alors aux besoins spécifiques de cette tranche d'âge, dont on répète qu'elle est déterminante ? Depuis la loi de 1989, les hommes et femmes politiques de droite comme de gauche ont cherché à inventer un type de structures adapté aux deux à trois ans. Ce furent d'abord les classes passerelles, sous Jospin, puis les jardins d'éveil proposés par le rapport Tabarot. Jugées inutiles et coûteuses, ces expériences furent largement abandonnées.

Or que nous disent les enseignements des sciences cognitives qui ont émergé depuis cette date ? Qu'entre le vingtième et le trentième mois de la vie, du fait de la plasticité de son cerveau, un enfant est capable d'apprendre n'importe quelle langue. Durant cette période, il assimile entre 100 et 500 mots, des règles de grammaire et un début de double articulation. Ce phénomène hors du commun ne se produit qu'une seule fois dans la vie, entre deux et trois ans.

Dès lors, ne pensez-vous pas que les spécificités que présentent ces enfants nécessitent des structures pédagogiques dédiées qui pourraient être expérimentées dans les réseaux d'éducation prioritaires où vous avez dédoublé les CP ? Si nous pouvons proposer aux enfants des familles les plus pauvres un parcours d'éducation et un continuum allant de ces structures spécifiques au CE1 dédoublé en passant par une classe de maternelle rénovée qui soit vraiment celle de l'épanouissement et du langage, nous aurions là une des politiques de lutte contre les inégalités les plus ambitieuses jamais menées.

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