Intervention de Agnès Buzyn

Réunion du mercredi 7 février 2018 à 16h15
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé :

La question de Mme Mette portant sur l'accès aux soins des enfants pauvres revient, finalement, à s'interroger sur le « reste à charge » zéro, puisque c'est le « reste à charge » qui est à l'origine du non-recours aux soins, surtout pour les lunettes et les soins dentaires – je ne parle pas des audioprothèses, qui concernent rarement les enfants. C'est une priorité du Gouvernement que d'aboutir vite dans ce domaine, car il est intolérable qu'un enfant ne puisse avoir des lunettes à sa vue – quand c'est le cas, cela participe à la déscolarisation – et je pense que nous devrions disposer d'un calendrier de mise en oeuvre des mesures d'ici la fin du mois de mai.

Mme Wonner a évoqué les centres d'hébergement d'urgence et la souffrance psychique des enfants concernés. S'il est rarement traité, ce sujet n'en est pas moins important : ces enfants ont effectivement besoin, plus que les autres, d'un accès aux soins psychiques. Je travaille actuellement au renforcement des mesures en faveur de la psychiatrie, notamment de la pédopsychiatrie et des centres médico-psychologiques (CMP), afin que nous soyons en mesure de répondre à l'augmentation des besoins, car il n'est pas normal que des enfants qui en ont besoin ne puissent pas accéder à un pédopsychiatre. Dans ce domaine, je renforce la formation afin que nous puissions créer des postes, notamment de chefs de clinique. Par ailleurs, je prévois que tous les généralistes aient accès à un stage de psychiatrie au cours de leur formation, car ils sont en première ligne. Enfin, des mesures de pérennisation ou de préservation des budgets dédiés à la psychiatrie et à la pédopsychiatrie vont être prises.

Évoquant le bilan à six ans, Mme Rist m'a interrogée sur les délégations de tâches et la redéfinition des missions de la médecine scolaire. Qu'ils soient infirmiers ou médecins, les personnels de la médecine scolaire dépendent de la direction générale de l'enseignement scolaire (DGESCO) et de l'éducation nationale et ne sont donc pas des personnels du ministère de la santé. Pour autant, je pense que nous devons nous efforcer, en lien avec les agences régionales de santé (ARS) et les recteurs, de mieux coordonner les actions de l'ensemble des personnels intervenant auprès des enfants, qu'ils soient médecins généralistes de proximité ou pratiquant au sein d'un centre de santé, médecins scolaires ou infirmières. Le service sanitaire a vocation à prendre part à un certain nombre de missions, et nous devons engager une concertation afin que chacun trouve la place qui lui revient. Nous rendrons service aux enfants en mettant fin au manque de coordination actuel, qui se traduit par un travail en silo et une perte d'information en ligne.

Remédier au non-recours aux droits évoqué par Mme Charvier est l'un des aspects essentiels du plan de lutte contre la pauvreté des enfants et des jeunes, et l'automatisation de l'attribution de certaines prestations est l'une des pistes sur lesquelles nous travaillons. Cela peut se faire via les services numériques, mais il ne faut pas que l'informatisation à outrance se révèle délétère pour les familles qui n'ont pas accès au numérique, c'est pourquoi nous devons également veiller à préserver un accueil humain, notamment au sein des caisses d'allocations familiales. Par conséquent, nous numérisons davantage mais, dans le même temps, nous prenons soin de préserver, dans tous les lieux, un accueil humain permettant un accompagnement au numérique, afin de faciliter le recours aux droits.

Pour ce qui est de l'enseignement universitaire de la médecine scolaire, je veux dire à M. Testé qu'une réflexion est en cours sur la formation en premier et deuxième cycles des études médicales. Beaucoup de compétences transversales ne sont pas acquises au cours de la formation médicale du deuxième cycle, car l'enseignement se fait encore en maintenant cloisonnées les différentes disciplines : c'est le cas de la médecine de coordination, du travail en équipe pluriprofessionnelle ou encore de la médecine scolaire, matières qui ne sont pas du tout enseignées aux étudiants. Nous pouvons mieux faire dans ces domaines, en adaptant la formation des médecins non seulement à la médecine par discipline, mais aussi aux besoins de santé au sens large – santé mentale et santé physique – de la population, car cette formation n'a pas été revue à l'aune des besoins.

Enfin, Mme Mörch nous a livré un témoignage sur le regard porté sur les enfants pauvres, en particulier lors de leur arrivée à l'école le matin. Dans ce domaine, nous devons avancer sur la question du petit-déjeuner, notamment parce que cela peut permettre de résoudre certaines difficultés liées à l'alimentation pour un certain nombre de familles. Jean-Michel Blanquer aura des mesures à proposer dans ce domaine, mais je peux d'ores et déjà annoncer que nous envisageons effectivement un sas, qui pourrait être financé par l'État.

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