Intervention de Jean-Michel Blanquer

Réunion du mercredi 7 février 2018 à 16h15
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale :

Je n'interviendrai qu'en complément des propos d'Agnès Buzyn, puisque nous sommes en plein accord sur l'ensemble des sujets.

M. Bois m'a interrogé sur les études surveillées, un sujet qui fait partie de l'aide éducative. La mesure « devoirs faits », qui s'applique au collège, a vocation à se déployer vers l'école primaire, mais avec subtilité, puisqu'elle ne doit pas écraser les dispositifs existants. Il ne s'agit pas de désavouer ou de déresponsabiliser les acteurs qui mènent des projets très intéressants. Il est certain qu'il faut additionner et articuler les initiatives et non les mettre en concurrence, le tout dans un esprit de lutte contre les inégalités sociales. Obtenir la gratuité là où elle n'existe pas peut constituer un objectif.

Je veux souligner, à l'attention de Mme Victory, qu'il y a une continuité dans les politiques publiques, ce qui est éminemment souhaitable en matière de lutte contre les inégalités. On insiste évidemment beaucoup sur les nouvelles mesures, mais elles ne doivent pas faire oublier que nous approfondissons d'autres actions.

Ainsi, les contrats ruraux, institués sous le quinquennat précédent, continuent de se déployer, en nombre comme en qualité. La politique de lutte contre le décrochage scolaire, qui a commencé autour de 2010, sera poursuivie et approfondie dans le quinquennat actuel. Elle donne ses premiers fruits, puisque l'on est passé de 120 000 à 100 000 décrocheurs.

La réforme de l'allocation des moyens appelle une certaine subtilité. La philosophie de l'éducation prioritaire est de donner plus à ceux qui ont besoin de plus. Le fait d'être passé à quinze critères est une chose que nous garderons, quitte à faire évoluer le cadre dans le même état d'esprit. J'estime aussi qu'il ne faut pas avoir une vision figée de la carte de l'éducation prioritaire. Celle-ci doit être dynamique. Comme prévu, elle sera revue à la rentrée 2019 ; les évolutions ne sont pas encore définies et feront l'objet de débats et de nombreuses concertations.

La question de Mme Thill sur les internats ruraux me donne l'occasion de compléter ce que j'ai déjà pu dire. Ils sont les premiers visés dans cette politique, preuve s'il en est que nous prenons en considération la ruralité. Aujourd'hui, plus de 20 000 lits restent vacants. Nous devons mener une politique de revitalisation rurale, en renforçant le lien ville-campagne. J'y suis pleinement engagé. Je donne souvent l'exemple du collège de Marciac, dans le Gers, qui comptait 80 élèves dans les années 1970 et était probablement voué à disparaître. Le festival de jazz, créé par le principal du collège, d'ailleurs devenu maire de la commune, est un succès mondial, qui a profité à l'établissement, qui accueille désormais 220 élèves venus de tous les horizons et qui comporte une section musique et un internat rural. Les élèves y viennent de partout. C'est un magnifique exemple de la dynamique culturelle et des logiques de projets que nous devons développer.

Monsieur Hammouche, je suis d'accord avec vous sur la multidisciplinarité. Nous l'avons illustré cet après-midi avec Agnès Buzyn : nous allons essayer de faire en sorte que nos moyens humains et matériels soient mieux articulés, plus cohérents et soient parfois également disponibles dans des lieux communs, afin d'être plus efficaces au service de la lutte contre les inégalités.

Madame Corneloup, la « mallette des parents » a effectivement vocation à évoluer. Nous approfondissons et modifions actuellement le dispositif. Cela fait partie de ce dont nous pouvons discuter dans les mois à venir : il n'est pas impossible qu'à certains moments, les réunions ne soient pas seulement des réunions parents-professeurs, mais parents-élèves-professeurs. C'est un triangle fondamental et cela va dans le sens des messages que nous voulons faire passer en termes d'aide à la parentalité.

Un des mots-clés de cette audition est clairement le soutien à la parentalité, comme l'a dit à plusieurs reprises Agnès Buzyn et comme le suggérait M. Bricout, qui m'a par ailleurs interrogé sur les éventuels effets de contraste entre le dédoublement dans certaines écoles et l'absence de dispositifs dans d'autres. Il s'agit d'une politique de long terme, mais, encore une fois, notre politique est volontariste pour le monde rural.

Le dédoublement entraîne également une évolution de nos perceptions : le taux d'encadrement doit être d'autant plus favorable que les enfants sont jeunes. Vous le constaterez dans le futur, dans notre manière de concevoir nos dotations aux écoles.

Madame Dubié, il n'y aura pas de rupture dans le dispositif des classes passerelles pour les moins de trois ans. Nous sommes dans une logique très pragmatique. C'est le message transmis aux inspecteurs de l'Éducation nationale : ils ont les moyens de cette politique de scolarisation dès deux ans. Il ne s'agit pas de le faire coûte que coûte, mais uniquement chaque fois que l'on considère que cela remplit un objectif de lutte contre les inégalités sociales.

Je terminerai par les lavabos, c'est une façon comme une autre de conclure.

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