L'AEN ne mène pas d'évaluation précise mais on constate qu'il y a un avant et un après Fukushima. Nous fonctionnons sous forme de comités dans lesquels siègent les leaders des organismes nationaux du nucléaire. L'un de ces comités rassemble les régulateurs, un autre, les soutiens techniques – dont l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) et ses pairs des autres pays. Or, j'ai entendu plusieurs de ces leaders regretter après Fukushima le fait qu'on ait eu connaissance d'une certaine complaisance non seulement des opérateurs japonais mais aussi de l'autorité de sûreté nippone mais que la barrière diplomatique ait empêché d'aborder le sujet. Aujourd'hui, les échanges entre les autorités de sûreté ont très significativement augmenté et on ne détecte vraiment plus aucune complaisance entre elles, ce qui nous rassure. Je ne puis vous répondre à l'échelle d'une autorité de sûreté précise mais je le fais à l'échelle du groupe que nous constituons. Si l'AIEA produit beaucoup de standards, notre but à nous est de faire travailler les gens entre eux pour qu'ils définissent une référence commune et que s'exerce entre les pairs une pression qui, bien que n'étant pas de nature juridique, est réelle. Nous n'avons pas du tout de signalement, en provenance de ce groupe de leaders, de décrochement d'un pays par rapport à la référence internationale. Ce n'était pas le cas avant Fukushima : les gens savaient et n'ont rien dit car il est très compliqué, dans une instance internationale, quelle qu'elle soit, de pointer du doigt un pays. La sociologie a beaucoup changé après l'accident de Fukushima. Si un point faible était détecté, il serait vraiment identifié et très explicité car l'idée qui prévaut depuis Fukushima est qu'« un accident quelque part est un accident partout ». Les pays exploitant l'énergie nucléaire accordent désormais une très grande importance à la nécessité de converger vers une référence internationale.