Intervention de Daniel Iracane

Réunion du jeudi 22 février 2018 à 14h00
Commission d'enquête sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires

Daniel Iracane, représentant de l'Agence pour l'énergie nucléaire :

Encore une fois, nous ne sommes pas compétents en matière de sécurité. Nous ne menons pas d'actions dans le domaine de la cybersécurité mais nous en discutons. L'une des questions auxquelles les États membres de l'AEN réfléchissent est de savoir si le numérique peut ou doit pénétrer dans une centrale nucléaire, jusqu'aux commandes contrôles. Les débats sur ce sujet extrêmement complexe sont assez rudes car les pays ont des visions très différentes. C'est là qu'on voit apparaître petit à petit l'interface entre sûreté et sécurité. Je le disais, la nature des études et des activités diffère tellement selon qu'il s'agit de sécurité ou de sûreté qu'il ne faut pas seulement se demander si on a intérêt à le faire mais aussi se poser la question du comment. Tout ce que nous faisons est librement accessible sur internet et je sais que vous vous posez les mêmes questions à l'Assemblée nationale quand vous traitez des problèmes de sécurité mais la logique n'est pas la même.

En ce qui concerne la mémoire, il est des sujets pour lesquels la précision du vocabulaire est importante. Le stockage est, par définition, l'art de mettre des déchets quelque part pour les oublier. L'entreposage, lui, est, par définition, l'art de déposer quelque part des déchets avec l'obligation absolue de les reprendre. S'agissant du stockage géologique, nous menons sur la notion de mémoire des réflexions qui revêtent une dimension éthique et philosophique car il s'agit d'échelles de temps extrêmement grandes. L'idée fondamentale selon laquelle le stockage est fait pour que les déchets soient oubliés va même assez loin : un des critères absolus du stockage est qu'il n'y ait pas, au sein de ce stockage, de valeur d'attrait – de choses qui soient tellement attrayantes qu'elles puissent pousser la civilisation du moment à rouvrir le système. Il y a un débat complexe sur la question de savoir jusqu'où on doit garder l'information. En tout cas, le stockage est conçu pour que les déchets soient « rendus à la nature ». En revanche, l'entreposage implique la reprise des déchets, acte technique d'une incroyable sophistication. On considère que physiquement, un entreposage de cent ans ne pose pas de problème pour les verres nucléaires entreposés sur le territoire national et que le béton tiendra. Cela étant, il faut être sûr qu'au moment où l'on devra ressortir les colis de l'entreposage, les gens sauront de quoi il retourne, qu'ils auront une bonne compréhension de l'origine des déchets et de leurs caractéristiques et qu'ils sauront calculer tous les risques afférents à ces opérations. Le devoir de mémoire est donc total.

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