Le télétravail est avant tout un choix personnel, tout comme la vie sociale. Je ne ferai donc pas preuve de dogmatisme en la matière. Il faut pouvoir libérer le télétravail et le proposer si cela correspond à un choix de vie, puis voir comment cela fonctionne. C'est un outil parmi d'autres dans la palette d'accès au travail : ce peut être une étape, un besoin, une réponse, mais il faut avant tout que ce soit un choix.
Madame Lecoq, je connais bien l'association Handidactique : Pascal Jacob porte ce projet et soutient la valeur de l'autonomiseur. Cela fait partie des outils, mais ne compliquons pas le paysage puisque nous essayons d'identifier ces dispositifs et d'évaluer le service rendu. Faut-il les rattacher à la MDPH ? Nous en avons souvent débattu avec Pascal Jacob. L'idée est intéressante, il faut pouvoir l'expertiser. C'est mon cheval de bataille : de même que pour l'emploi accompagné, il faut évaluer nos politiques publiques, pour essaimer ce qui fonctionne et arrêter ce qui ne marche pas. Expertisons en préalable, voyons si on peut le développer et analysons les sources de financement.
Le concept est intéressant : il s'agit de pairémulation, d'auto-représentation de personnes qui savent très bien parler d'elles et de leur compensation. C'est donc également une pierre à l'édifice de sensibilisation et de prise de conscience des compétences de ces personnes.
Monsieur Serville, j'ai entendu votre appel concernant la Guyane. Je partage votre opinion quant aux difficultés que pose le fait que l'emploi aidé soit porté par l'ARS. Nous envoyons un message très médico-social aux entreprises. Mais il s'agit d'une expérimentation. Je serai extrêmement attentive à son évaluation. Cela nous amènera peut-être à réfléchir à la montée en qualification de personnes accompagnantes au sein du service public de l'emploi. Nous mettrons d'importants moyens pour l'évaluation du dispositif. D'ailleurs, j'ouvrirai le premier comité de pilotage le 5 mars prochain et serai présente pour montrer tout l'intérêt que je porte à cette expérimentation. Nous vous tiendrons informés.
En la matière, l'expérimentation de Pôle Emploi dans les bassins est également intéressante. Elle touchera la Martinique, mais nous pouvons solliciter Pôle emploi pour la Guyane, si le territoire est partant et mobilisé pour apporter une vraie réponse à l'insertion professionnelle. Je soulèverai votre question auprès de M. Jean Bassères.
Quel sera le devenir de la gouvernance de l'AGEFIPH et du FIPHFP ? Seule la concertation nous permettra de passer en revue toutes les solutions. Il nous faut améliorer les synergies entre tous ces opérateurs spécialisés et territorialiser les réponses pour que les circuits soient plus courts. Si vous le souhaitez, nous pourrons en reparler entre mars et mai, quand la concertation aura permis d'aborder tous les sujets.
J'entends également la problématique de disjonction des réponses : là encore, travaillons dans les territoires, qui constituent une richesse en termes d'expérimentations. Il faut éviter les ruptures de parcours et embarquer cette chaîne vertueuse de l'accompagnement et du maintien dans l'emploi. C'est l'objet de la concertation.
Vous avez raison, Monsieur Hammouche, nos amis irlandais et belges ont initié ce projet de Duo Day. Ils ont été suivis en France depuis plusieurs années par des associations du Lot-et-Garonne, accompagnées par l'ARS. Cette année, l'événement se déroulera le 26 avril. Le concept est que des personnes valides et handicapées se rencontrent toute une journée pour découvrir un métier. Les entreprises ouvrent leurs portes pour que les personnes handicapées travaillent ensemble, apprennent à se connaître, découvrent leurs talents et leurs compétences.
Il s'agit de mettre en relation des travailleurs handicapés d'ESAT, d'entreprises adaptées ou de milieu ordinaire qui veulent accéder à d'autres types de métiers. Un site internet dédié a été créé – duoday.fr – et une plateforme de mise en relation va être ouverte. Nous souhaitons développer l'événement dans tout le territoire national, afin de faire du 26 avril l'emblème de la rencontre entre deux mondes. Nous défions tout le monde : la représentation nationale, le Président de la République, le Premier ministre, les ministres du Gouvernement, les chefs d'entreprise. Nous défions tous les métiers, les médias et les journalistes, les sportifs et les milieux culturels, pour que cette rencontre contribue à ce que les personnes handicapées ne s'autocensurent plus professionnellement.
En tant qu'élus, au coeur de l'engagement politique, votre responsabilité est importante : il faut montrer aux personnes handicapées qui souhaitent s'engager en politique que c'est possible, car elles s'autocensurent aussi en politique…
Vous allez recevoir un mode d'emploi, qui pourra vous accompagner dans vos circonscriptions. Nous travaillons avec des associations partenaires extrêmement volontaires dans tout le territoire : l'Association des paralysés de France (APF), l'Association pour adultes et jeunes handicapés (APAJH), l'Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales et de leurs amis (anciennement Union nationale des associations de parents d'enfants inadaptés – UNAPEI), l'association pour l'insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées (ADAPT), la Croix-Rouge, etc. Pardon pour celles que j'oublie.
Toutes ces associations se mobilisent pour organiser les rencontres. Quel meilleur levier pour montrer les compétences que de faire vivre cette rencontre entre travailleurs handicapés et valides – tous travailleurs – et d'ouvrir les portes des entreprises et des différents métiers ? Il s'agit de changer le regard sur le handicap en montrant le potentiel des personnes handicapées.
En matière de formation et d'accompagnement, en revanche, il faut aller vers le droit commun et l'adapter. Il faut arrêter de penser « formation spécifique » mais travailler au temps de formation car, vous avez raison Madame Corneloup, parfois, la fragilité entraîne de la fatigabilité. Mais nous devons nous en tenir aux dispositifs de droit commun, sinon nous ne servirons pas le plus grand nombre. Nous devons changer d'échelle car 500 000 demandeurs d'emploi et un million de personnes handicapées ont renoncé au travail en raison des complexités. Il faudra irriguer le droit commun des spécificités du handicap.