En effet, dans le cas des personnes âgées en situation de dépendance, la présence des aidants permet de prolonger le maintien à domicile, évitant ainsi le placement en EHPAD, dont le coût, nous le savons tous, est substantiel.
Il nous faut également nous interroger sur la manière dont ce coût est aujourd'hui pris en charge. Nous le savons, il repose principalement sur la personne qui, bien souvent du jour au lendemain, doit assumer ce rôle. De plus, lorsque cela est possible, les personnes salariées négocient avec leur employeur une rupture amiable, et c'est alors l'assurance chômage qui contribue à financer leur congé. D'autres tenteront de mener de front activité professionnelle et fonction d'aidant, de sorte que – c'est établi – de nombreux aidants s'épuisent, ce qui rejaillit sur leur santé et, par voie de conséquence, sur notre régime d'assurance maladie.
Néanmoins, l'indemnisation du congé d'aidant ne doit pas, de mon point de vue, être perçue comme la rémunération d'un travail. Car si travail il y a, ce doit être dans un cadre défini par un contrat ad hoc et régi par notre code du travail – ce que permet notamment l'allocation personnalisée d'autonomie – APA. L'indemnisation du congé d'aidant doit être considérée avant tout comme une marque de reconnaissance et comme une mesure concrète permettant de remédier aux problèmes que rencontre une personne devant cesser son activité pour s'occuper d'un proche.
Nous devons également étendre notre réflexion à la situation des aidants sans activité professionnelle, majoritairement des femmes, qui assument ainsi ce rôle sans reconnaissance aucune et en étant de plus en plus isolées socialement.
Quelle qu'ait été la situation professionnelle d'une personne avant que celle-ci n'ait à assumer le rôle d'aidant, il est incontestable que celui-ci a d'importantes conséquences sur son parcours professionnel. Or, à l'heure actuelle, rien n'est pensé pour favoriser le développement et la reconnaissance des compétences des aidants familiaux, ni pour faciliter leur retour à l'emploi. C'est pourtant un enjeu majeur à l'heure où nous avons décidé de relever le défi de la compétence.
Je formule donc le souhait que la situation des aidants soit réellement prise en considération et améliorée, et je salue à cet égard les engagements que vous avez souscrits, madame la ministre, comme Mme la présidente de la commission, pour traiter sans délai ce sujet. Nous devons faire bénéficier nos concitoyens d'une véritable reconnaissance de leur rôle, à plus forte raison dans le contexte de vieillissement de la population – la proportion de personnes âgées de plus de 85 ans augmente de façon exponentielle – qui entraînera inexorablement un développement de la prise en charge de la dépendance. De plus, l'inclusion réelle des personnes en situation de handicap, qui est notre objectif, ne peut être envisagée si nous laissons par ailleurs leurs proches dans l'isolement qu'ils déclarent ressentir.