Dans la réforme du lycée que vous proposez, la culture générale, entendue comme englobant les sciences dures, les humanités et les sciences sociales, est donc réduite à peau de chagrin dans le fameux tronc commun. C'en est fini des disciplines scientifiques pour tous, et des sciences sociales et économiques qui permettent de comprendre le monde ; ces disciplines ne sont plus que des spécialités que les jeunes devront choisir dès quinze ans, pour être sélectionnés trois ans plus tard à l'université, au terme de ce tunnel de spécialités dans lequel ils auront été enfermés. C'en est fini du droit à l'erreur et des errements nécessaires à la construction de son orientation : bienvenue à l'école qui ne corrige en rien les inégalités, bienvenue à l'école de l'utilitarisme !
J'ai été contactée par des enseignants en sciences économiques et sociales, qui s'inquiètent de la place nouvelle dévolue à leur discipline : celle-ci se retrouve non seulement marginalisée en termes de volume horaire, mais c'est surtout son démembrement qui pose problème. Conformément au souhait de l'Institut de l'entreprise, émanation du Medef, vous vous apprêtez, en effet, à séparer l'enseignement des sciences économiques de celui des sciences sociales. Ce faisant, c'est un regard critique sur les différentes façons d'appréhender notre société que vous supprimez. Monsieur le ministre, votre gouvernement s'apprête à faire voter une loi contre les fake news ; ne pensez-vous pas que doter l'ensemble de nos enfants d'une culture économique, sociale et politique solide serait plus efficace pour leur apprendre à décrypter l'actualité ?