Je tiens à rassurer M. Le Bohec, qui s'interroge au sujet de l'enseignement agricole. Bien entendu, nous avons travaillé en lien avec le ministère de l'agriculture, et nous avons ajouté une discipline de spécialité « Agronomie et environnement » – la discipline reine du bac STAV –, ce qui sera très intéressant pour les baccalauréats délivrés dans les lycées agricoles et permettra d'établir encore plus de ponts entre les lycées agricoles et les lycées généraux et technologiques. Je ne manque jamais une occasion de souligner la qualité de l'enseignement dispensé dans les lycées agricoles, qu'il ne s'agit évidemment pas d'affaiblir – bien au contraire, je pense que ces établissements vont se trouver renforcés par la réforme.
Certaines des questions de M. Minot m'ont étonné, c'est le moins qu'on puisse dire. Vous nous reprochez de ne pas avoir commencé par réformer l'école primaire, alors que j'ai toujours défini l'école primaire comme la première des priorités et que nous travaillons beaucoup sur ce dossier : il est souvent question des dédoublements de classe de CP et de CE1, mais nombre d'autres choses sont faites actuellement, notamment sur le plan pédagogique. En tout état de cause, je conçois mal que l'on oppose ce qui est fait pour le baccalauréat à ce qui est fait pour l'école primaire, alors qu'il y a une très grande cohérence entre les deux approches, comme on l'a vu par exemple au sujet de l'expression orale en français. Bien entendu, nous devons à la fois conforter les fondamentaux à l'école primaire et, en aval du système, définir des attendus afin de tirer vers le haut l'ensemble de notre système scolaire.
Par ailleurs, vous affirmez que nous nous sommes focalisés sur les méthodes en oubliant les contenus, c'est-à-dire les programmes, alors qu'il n'en est rien : je répète que le Conseil supérieur des programmes a été saisi afin de tirer toutes les conséquences de nos propositions en termes de contenu.
Enfin, quand vous évoquez la situation des écoles en zone rurale, notamment celles situées dans l'Oise, je me dois de vous dire que je suis profondément scandalisé par la campagne, dont vous êtes apparemment l'un des hérauts, visant à diffuser des informations qui ne correspondent pas à la réalité, comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire dans l'hémicycle. Alors que les taux d'encadrement dans les départements ruraux vont s'améliorer au cours de la prochaine rentrée, certains élus ne parlent, comme vous, que des fermetures de classes. En réalité, il y a toujours eu des fermetures de classes en France, et il y en aura toujours – vous en ferez vous-même l'expérience si vous occupez un jour des fonctions ministérielles –, tout simplement parce que c'est la vie : le nombre d'élèves est forcément appelé à augmenter ou à diminuer en fonction des années, et il n'est pas honnête intellectuellement de se plaindre des fermetures de classes dans tel ou tel département sans faire état des ouvertures qui ont lieu dans le même temps. Pour ce qui est de l'Oise, je vais vous donner des chiffres, que chacun pourra aisément vérifier : alors qu'on y compte 618 élèves de moins cette année, ce qui aurait dû entraîner la suppression de 34 postes, nous créons au contraire 55 postes – et mettons en place, je le précise, de nombreux dédoublements de CP.
Cette campagne de fake news à laquelle vous participez ne rend service à personne, et je déplore que certains tentent d'opposer le rural à l'urbain, alors même que nous nous efforçons de créer un lien entre les deux et que nous n'avons aucunement l'intention de sacrifier le rural à l'urbain. Le fait de répéter sans cesse des affirmations ne correspondant pas à la réalité, en faisant mine de ne pas entendre mes réponses, finit par accréditer dans l'opinion publique ces affirmations erronées, alors que vous savez fort bien qu'en procédant de la sorte, en opposant les gens sur la base de renseignements inexacts, vous ne servez pas l'intérêt général. Oui, la priorité que nous donnons à l'école primaire s'exprime budgétairement, oui, il y a 3 885 créations de postes dans l'ensemble de la France, alors même qu'il y a moins d'élèves en France à l'école primaire l'année prochaine, et oui, nous mettons en oeuvre une politique rurale, ce qui n'avait jamais été fait de manière aussi accentuée ! Il y aura des contrats territoriaux de développement rural dans tous les départements ayant des réalités rurales, qui sont au nombre de 66, et nous menons une politique volontariste en la matière.
J'aimerais que le débat public sur cette question franchisse un nouveau stade en prenant en compte notre travail sur les réalités démographiques de la ruralité – effectivement préoccupantes dans certains cas –, plutôt que de se résumer, comme s'y emploient certains, à nous accuser de dépouiller les départements. Pour conclure sur ce point, je précise que le taux d'encadrement des départements ruraux est beaucoup plus élevé que celui des départements urbains, et que nous ne faisons que renforcer cette situation au profit des départements ruraux, ce qui montre bien que nous ne sommes nullement en train de sacrifier le rural. Pour continuer sur cette voie, je veux dire que j'accorde une grande importance aux stratégies de renouveau du rural pour les années à venir, et je suis très ouvert à vos propositions en ce sens.
M. Garcia m'a interrogé sur les moyens de réduire les inégalités sociales dans le cadre de la préparation de l'examen oral. En la matière, l'accompagnement des élèves a vocation à devenir plus personnalisé qu'il ne l'est aujourd'hui. À l'heure actuelle, les heures d'accompagnement personnalisé en lycée sont très souvent conçues comme une forme de prolongement des cours, permettant en quelque sorte de jouer avec les horaires, ce qui aboutit à une organisation peu rationnelle. Demain, nous aurons des horaires clairement établis pour chaque discipline, et l'accompagnement personnalisé devra servir notamment à l'amélioration du niveau de français – écrit et oral – des élèves. Ainsi, dès la rentrée prochaine, au début du mois de septembre, nous mettrons en place en classe de seconde un test de positionnement numérique qui permettra de déterminer le niveau des élèves en français et en mathématiques, et de déclencher un accompagnement personnalisé permettant, si besoin est, de concentrer les efforts sur l'expression écrite et orale en français. Bien entendu, le dispositif d'accompagnement personnalisé se renforcera au cours des années suivantes, en première et en terminale.
La question de M. Bournazel sur l'avenir de la dissertation au lycée me paraît très complémentaire de la question précédente, en ce qu'elle renvoie à celle du français écrit. La dissertation est un point fort de l'enseignement français, reconnu en dehors de nos frontières : quand ils partent étudier à l'étranger, les jeunes Français se font remarquer par une grande capacité de raisonnement, liée à l'exercice de la dissertation et souvent vue comme une expression du cartésianisme français, ainsi que par leur faculté à analyser et à découper un problème dans la grande tradition aristotélicienne. Nous souhaitons renforcer encore ces capacités, notamment en réfléchissant aux modifications qui pourraient être apportées à l'épreuve écrite de français. Dans ce cadre, la dissertation doit être valorisée, ce qui aura un impact en amont sur la préparation des élèves. On peut ainsi imaginer que deux sujets de dissertation soient désormais proposés à côté du commentaire de texte à l'épreuve écrite de français, sur la base du bilan mitigé qui est fait aujourd'hui du sujet d'imagination.
Il semble, madame Pau-Langevin, que vous ayez pris connaissance de mes propositions en Conseil des ministres avec une attention un peu moindre que celle que vous avez consacrée à la lecture du rapport de M. Mathiot. Si je me suis rarement démarqué du rapport, je l'ai fait néanmoins sur le point que vous évoquez, en retenant une organisation par trimestres plutôt que par semestres, ce qui sera certainement de nature à vous rassurer. M. Mathiot va vous répondre plus précisément sur ce point ; pour ce qui est du portefeuille de compétences et d'expériences, je vous ai répondu en même temps qu'à M. Garcia il y a quelques instants.