Mesdames Thill et Lang, la question des humanités scientifiques et numériques est centrale dans l'équilibre de notre dispositif. Comme pour le reste des programmes, le travail n'est pas terminé ; je vous invite donc à exercer toute votre attention et à être force de proposition au cours des six ou sept prochains mois. Nous travaillons dans l'objectif de transmettre une culture mathématique, scientifique et numérique commune à tous nos élèves.
Les mathématiques ont déjà une place dans ce dispositif, dans le droit fil du rapport Torossian-Villani. Ce dernier souligne bien l'importance de différentes voies d'accès à cette matière. En effet, certains élèves, dégoûtés des mathématiques, doivent se réconcilier avec la matière. C'est l'intérêt des « modules de réconciliation » – pour reprendre l'expression du rapport –, mais également de la différenciation dont je vous ai déjà parlé : les mathématiques seront enseignées dans « Humanités numériques et scientifiques », mais également dans « Mathématiques spécialisées » et, en option, dans « Mathématiques expertes » ou « Mathématiques complémentaires ». Cette différenciation des programmes permettra d'aborder la matière par plusieurs versants. Les humanités scientifiques et numériques développeront à la fois les vertus concrètes et appliquées des mathématiques, avec l'algorithmique et le codage – qui fera le lien entre mathématiques et numérique –, mais également une prise de conscience des enjeux de ce monde numérique par les élèves.
L'enseignement sera donc à la fois appliqué, précis et assez technique – si on sait coder, on est déjà dans un dépassement de la superficialité des usages numériques contemporains – mais aussi constitué d'une mise en perspective scientifique et philosophique des grandes révolutions technologiques et scientifiques de notre époque. Le programme reste à élaborer, mais il sera très innovant et ouvert sur les grandes questions contemporaines. Le jeu est ouvert et il est normal que cela provoque des débats.
Madame Bannier, je vous remercie pour vos propos liminaires. Le problème que vous soulevez rejoint la question posée par Mme Bazin-Malgras sur la compétition entre établissements. Nous allons introduire une logique de coopération par bassin et mettre en place un travail en réseau pour que les établissements d'une même zone géographique développent leurs complémentarités, mais aussi des liens avec les établissements d'enseignement supérieur de leur zone géographique. L'objectif est parfaitement clair et assumé : nous voulons lutter contre les inégalités entre les établissements, en développant l'attractivité de ceux qui le sont moins, mais également la coopération avec l'enseignement supérieur et entre les lycées. Ainsi, une option de langue rare ouverte dans un lycée peu attractif pourra être suivie par des élèves venus de lycées voisins plus attractifs.
Votre question concernant les attendus de l'enseignement supérieur est importante. Peut-être d'ailleurs que M. Mathiot voudra compléter ma réponse. Le but n'est évidemment pas de créer des effets de silos encore plus importants qu'actuellement, bien au contraire. Je comprends malgré tout les interrogations, elles sont naturelles. Nous souhaitons que les attendus des universités et des établissements d'enseignement supérieur soient mieux pris en compte, afin de lutter contre la superficialité dont j'ai parlé : nous exposerons donc plus clairement, et pour chaque cursus d'enseignement supérieur, les compétences nécessaires pour réussir. Il ne s'agit pas de fermer les cursus, mais de faire en sorte que l'élève soit lucide et donc mieux préparé. Pour autant, les élèves conservent le droit de s'inscrire dans l'enseignement supérieur quand ils ont le baccalauréat ; les attendus ne sont pas absolus. Le fameux « oui si » des établissements doit également permettre des adaptations à l'entrée dans le supérieur. La clarté et la cohérence que nous appelons de nos voeux éviteront ces effets de silos, au profit d'effets de passerelle.
Madame Bazin-Malgras, j'ai en partie répondu à vos questions mais il est exact que nous devons encore travailler sur la lutte contre la fraude durant les examens en contrôle continu. Vous l'avez dit, c'est déjà un fléau, par exemple lors des bacs blancs. Nous devrons donc prendre des mesures strictes de surveillance et mettre en place des règles du jeu très claires.
Pierre Mathiot a beaucoup travaillé sur l'objectivité du contrôle continu pendant l'élaboration de son rapport ; il voudra peut-être en redire un mot. Des pistes sont ouvertes pour améliorer une situation aujourd'hui objectivement insatisfaisante : comme elle n'est pas optimale, nous ne créons pas un risque, mais ouvrons simplement des pistes d'amélioration.
Je pense avoir répondu aux questions de Mme Lang. Le rapport Torrosian-Villani comprend vingt et une propositions extrêmement intéressantes. J'ai l'intention de suivre chacune d'entre elles. Nous serons particulièrement volontaires pour les mathématiques.
Monsieur Gérard, je vous remercie d'avoir souligné à quel point les enseignements artistiques sont présents dans la réforme : les arts seront une discipline de spécialité ; trois heures seront également disponibles en option. Vous avez raison, c'est une volonté interministérielle, également portée par Françoise Nyssen. Bien évidemment, nous devons être en mesure d'offrir ces opportunités sur l'ensemble du territoire. La réforme du baccalauréat sera l'occasion d'améliorer et d'amplifier les coopérations avec les institutions culturelles proches des établissements. Au travers du renforcement de l'art dans le cursus, nous souhaitons renforcer les coopérations avec les institutions culturelles.