Intervention de Pierre Mathiot

Réunion du mardi 20 février 2018 à 16h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Pierre Mathiot, professeur des universités :

Faut-il avoir suivi « Droit et grands enjeux du monde contemporain » pour aller en faculté de droit ? Le baccalauréat dont nous parlons va être mis en place en 2021. Nous aurons donc du recul sur la mise en place de Parcoursup et aurons probablement vocation à ajuster les dispositifs, même si certains relèvent de l'enseignement supérieur.

Le ministre l'a évoqué, le droit à l'erreur est une évidence car il s'agit d'élèves de première ! On peut les classer en deux catégories : d'un côté, ceux qui savent déjà plus ou moins ce qu'ils veulent faire et se nourriront de cette spécialisation ; de l'autre, ceux qui hésitent et se rendront finalement compte que leur enseignement de spécialité ne correspond plus à ce qu'ils ont envie de faire, au moment des inscriptions sur Parcoursup. Dans ce contexte, les attendus doivent être généralistes et souples, afin de permettre à un élève de choisir une orientation un peu divergente par rapport à ses choix initiaux d'options. C'est tout l'intérêt des douze à quinze heures de tronc commun par semaine : elles doivent malgré tout permettre aux élèves de s'orienter dans des filières qui n'étaient initialement pas leur spécialité.

S'agissant du contrôle continu, nous avons beaucoup travaillé sur les critères de standardisation – comme nous les appelons dans le jargon de l'éducation nationale : le bac est, je le rappelle, un diplôme national et a vocation à le rester. Le terme de contrôle continu n'est donc pas totalement correct : il ne s'agira pas de notes obtenues par les élèves à l'occasion des habituels contrôles – et inscrites sur leur bulletin – mais, à hauteur de 30 %, de notes ponctuelles de baccalauréat blanc – qui deviendront en quelque sorte officielles. Les épreuves seront standardisées, afin que les élèves qui les passent soient véritablement en situation de candidats.

Cette évolution est également importante concernant la fraude car, qui dit standardisation, dit banque nationale de sujets et de corrections. Par ailleurs, les copies seront anonymisées, afin que les élèves ne soient pas corrigés par leurs professeurs – ou soient corrigés par des professeurs qui ne savent pas qui ils corrigent. C'est très important pour l'harmonisation des notes.

Actuellement, plus de 50 % des élèves sont admis dans l'enseignement supérieur par le biais de filières sélectives, dans lesquelles l'absence totale d'anonymisation des noms et des lycées d'origine des candidats ne semble poser de problème à personne. Dans le cadre de nos auditions, il était assez fascinant de constater que les mêmes personnes estimaient pourtant absolument nécessaire et non négociable que l'on préserve l'anonymat du contrôle continu au lycée… C'est tout le paradoxe.

Cela explique la décision du ministre de prendre en compte de ce contrôle continu à hauteur de 30 % mais également des notes des bulletins pour 10 %. Il nous semble en effet important de valoriser le travail réalisé dans la durée. Cela ira dans le sens des élèves le plus « besogneux » – le terme n'est pas péjoratif. Cela va par ailleurs aider les élèves à travailler régulièrement. Votre collègue parlait de l'absentéisme des professeurs : même à la marge, la prise en compte des bulletins va également améliorer l'assiduité des élèves, notamment au dernier trimestre. Vous le savez, quand les élèves ont passé les épreuves, ils ont tendance à ne plus venir au lycée. Il y aura désormais un dernier bulletin à la fin du mois de juin de la terminale. Même s'il ne compte pas énormément dans le calcul final de la note du baccalauréat, cela restera de nature à sécuriser l'assiduité des élèves, beaucoup plus qu'aujourd'hui.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.