Monsieur Berta, je suis un peu déçu par la façon dont nos propositions ont été reçues par la communauté des SVT. En audition, en effet, j'avais été passionné et totalement convaincu par les propos qu'elle avait tenus, et j'avais le sentiment qu'elle avait été convaincue par notre réponse. Le ministre l'a confirmé, l'enseignement des humanités scientifiques et numériques – dont le programme n'est pas encore conçu – aura bien évidemment une dimension intégrant la culture des sciences de la vie et de la terre, avec les vaccins, le réchauffement climatique, etc. Une partie de cet enseignement aura donc vocation à être dispensée par les professeurs de SVT et cet enseignement universel sera proposé à l'ensemble des lycéens.
En outre, il ne faut pas oublier les enseignements de spécialité : les SVT auront vocation à se marier avec les mathématiques ou la physique-chimie, selon les choix des élèves. Ceux qui se préparent à la première année commune aux études de santé (PACES) pourront choisir en terminale à la fois physique-chimie, SVT et mathématiques en option facultative. Cela me semble de nature à sécuriser leur parcours puisqu'ils suivront ces trois fameuses matières scientifiques. Le débat se rapproche de celui que nous avons pour les sciences économiques et sociales, toutes choses égales par ailleurs. Je suis sûr que nous nous rendrons compte en 2021 que la situation ne s'est pas dégradée en termes de volume horaire pour les SVT.
Madame Cazarian, vous l'avez constaté, un nouvel enseignement du codage et du numérique est prévu – je fais ainsi le lien avec la question de Mme Piron sur les enseignants des nouvelles matières – ce qui était nécessaire, de même qu'il fallait envisager des enseignements d'informatique plus « punchy ». Les associations professionnelles du secteur s'en réjouissent. Reste que, vous avez raison, nous avons un problème avec le vivier d'enseignants : actuellement, l'enseignement optionnel du numérique est plutôt divulgué par des professeurs certifiés d'une autre discipline. Or le volume horaire va augmenter fortement et il va falloir faire flèche de tout bois : il faudra à la fois certifier des enseignants qui, aujourd'hui, enseignent les mathématiques, la physique-chimie, les sciences et vie de la terre et qui pourront, pour partie de leur service, enseigner l'informatique et le numérique, et il faudra examiner l'idée de créer une agrégation, sachant que le certificat d'aptitude au professorat de l'enseignement du second degré (CAPES) de mathématique est devenu un CAPES de mathématiques et d'informatique. Cela dit, si l'on créait une agrégation d'informatique, se poserait le problème du vivier de candidats car, vu le niveau de rémunération des agrégés en début de carrière, on peut se demander quel serait l'intérêt d'un titulaire d'un master d'informatique de passer ce concours… En attendant, nous avons franchi la première étape consistant à créer de vrais enseignements d'informatique et du numérique à l'attention de l'ensemble des élèves. Quant au CLEMI, auquel vous avez fait allusion, il est plus intéressant pour une initiation aux médias et à leur rôle que pour une formation au numérique et au codage.
En ce qui concerne le grand oral, madame Anthoine, il ne s'agira pas d'un tir aux pigeons, d'un grand oral similaire à celui que certains d'entre vous ont passé et au cours duquel on est interrogé sur tout ce qui peut avoir trait à un cursus de trois ou cinq ans, mais il portera ici sur un travail que l'élève aura commencé de préparer depuis la classe de première, sur un thème, concernant une ou deux disciplines – et plutôt celles de spécialité –, qu'il aura choisi et pourra préparer individuellement ou collectivement. Aussi l'élève ne sera-t-il pas « piégé » au moment de l'oral. Il sera évalué sur la forme et sur le fond, ce qui suppose une préparation à l'exercice oral et des critères d'appréciation seront donnés aux enseignants qui ne pourront par conséquent pas noter n'importe comment. Pour ce qui est du jury, l'idée est qu'il soit composé de trois personnes dont deux professeurs de lycée qui a priori enseigneront les spécialités choisies par l'élève et seront donc en mesure de l'interroger sur le projet qu'il présentera. Quant à la troisième personne, j'imaginais initialement qu'il pourrait s'agir d'un enseignant du supérieur, par souci de cohérence ; mais il faudrait compter sur 15 000 universitaires, ce qui serait compliqué. Aussi avons-nous décidé qu'il s'agirait d'une personne qui n'est pas professeur de lycée. Nous allons donc devoir définir son profil : faut-il qu'elle ait le baccalauréat ? Doit-on prévoir un âge minimum ? Qui la recrute – le rectorat ou le proviseur ?
Il ne s'agira plus, madame Rilhac, en ce qui concerne l'orientation, d'une heure d'aide personnalisée (AP) disciplinaire, d'ailleurs souvent utilisée par les professeurs pour rattraper leur retard dans la réalisation du programme. Il est prévu qu'une heure et demie sera complètement consacrée à l'orientation. L'idée est ici de proposer à des enseignants du supérieur de « descendre » au lycée pour donner des vrais-faux cours. Les quatre disciplines les plus demandées en première année de licence sont en effet les sciences et techniques des activités physiques et sportives (STAPS), la psychologie, le droit et la première année commune des études de santé (PACES), à savoir des disciplines qui ne sont pas étudiées au lycée, ou pratiquement pas – d'où une mauvaise orientation des élèves qui, par exemple, s'imaginent que la psychologie est une discipline facile. Un mentorat sera donc organisé et ce cours sera proposé à la coordination des professeurs de lycée, mais également des psychologues de l'éducation nationale (PsyEN), auxquels il faudra peut-être ajouter les jeunes du service civique. Ce cours devra être réalisé en bonne intelligence avec l'enseignement supérieur et avec ce qu'on appelle les mondes professionnels dont les représentants – parmi lesquels ceux des fonctions publiques – présenteront aux élèves les métiers et les débouchés universitaires, ce qui n'est pas nécessairement la même chose car il faut savoir que de nombreux métiers qu'exerceront dans sept ans, une fois obtenu leur master, les élèves aujourd'hui en classe de première, n'existent pas encore. Il ne faut donc pas leur laisser accroire qu'il convient de les préparer à des métiers qui auront disparu le jour où ils chercheront du travail.
J'en viens à la banque nationale de sujets. Elle sera toujours réalisée par les corps d'inspection générale mais elle sera désormais accessible. Plus le nombre de sujets proposés sera important, plus on pourra les rendre accessibles mais ils seront tellement nombreux qu'il sera difficile pour les élèves de se préparer – ce qui nous garantira l'absence de fuites.
Je suis assez d'accord avec vous sur la sophrologie, madame Petit, mais je proposerai qu'elle soit également proposée aux enseignants, le lycée de la bienveillance ne devant pas concerner que les élèves. Il faut savoir que dans de nombreux lycées, on applique déjà des méthodes de gestion du stress ; mais les élèves sont moins stressés par la perspective d'obtenir le baccalauréat que par tout ce qui touche à la préparation de l'enseignement supérieur.