Intervention de Pierre-Franck Chevet

Réunion du jeudi 22 février 2018 à 17h00
Commission d'enquête sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires

Pierre-Franck Chevet, président de l'Autorité de sûreté nucléaire :

Notre rôle, si nous avons une crainte, c'est éventuellement d'arrêter la centrale. Nous pouvons le faire, nous le faisons déjà. Par exemple, nous n'avons aucune hésitation à demander l'arrêt des centrales pour contrôler leurs générateurs de vapeur. Actuellement, nous ne sommes pas dans cette situation, mais si une anomalie se présente au cours des prochains mois, nous ferons ce qu'il faut.

À l'inverse, mais il est difficile d'en tirer une conclusion – j'imagine que votre question est en rapport avec la politique énergétique et les centrales qui seront fermées –, des sujets ont été identifiés dans certaines centrales, mais, souvent, ils ont été traités.

Par exemple, on sait qu'il y a eu des défauts au Tricastin, très près de la peau interne de la cuve du réacteur, plus importants qu'ailleurs. Le livre que vous avez cité en parle comme d'un scoop, mais le problème est identifié depuis vingt-cinq ou trente ans ! Détectés très tôt, ces défauts font l'objet d'un suivi très régulier. C'est évidemment un paramètre à prendre compte au moment de décider de l'éventuelle prolongation de l'activité du Tricastin. La quatrième visite décennale est prévue en 2019 ; ce sera alors examiné comme tous les dix ans, et même plus souvent. On ne constate aucune aggravation, mais, potentiellement, effectivement, c'est moins bien qu'ailleurs, car les défauts sont plus grands. Cela ne signifie pas qu'il faille l'arrêter ; les contrôles sont là pour détecter s'il se passe quelque chose.

Sur un certain nombre d'enceintes de confinement, autour des réacteurs eux-mêmes, des réacteurs les plus récents, de 1 300 mégawatts, il y a des problèmes d'étanchéité. Nous le savons, des traitements sont donc en cours et une surveillance renforcée s'exerce.

Chaque fois qu'un sujet se présente, il est examiné, il est traité, des mesures compensatoires sont prises. Le jour où celles-ci ne suffisent plus, nous sommes amenés à arrêter. Il est donc extrêmement difficile de faire une réponse « en binaire ». Nous continuons à faire notre métier. Le jour où nous estimerons que cela ne marche pas, nous le ferons savoir clairement.

Il est très dur de faire une sorte de classement. Nous classons tous les ans les centrales en fonction de la qualité d'exploitation. Il se pourrait d'ailleurs que Fessenheim ne s'en sorte pas trop mal. Je ne sais pas si EDF est motivé, mais, globalement, la qualité d'exploitation n'y est pas mauvaise, et ce depuis plusieurs années, peut-être en lien avec les discussions sur la politique énergétique.

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