Intervention de Pierre-Franck Chevet

Réunion du jeudi 22 février 2018 à 17h00
Commission d'enquête sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires

Pierre-Franck Chevet, président de l'Autorité de sûreté nucléaire :

Tout d'abord, nous ne raisonnons pas ainsi, en termes budgétaires.

Nous sommes encore dans une phase d'examen des grandes questions liées à la possible prolongation des réacteurs. Nous serons amenés à donner un avis global en 2020, que nous transformerons ensuite en prescriptions applicables à chaque installation à partir de 2021.

Nous examinons, pour notre part, la question de la prolongation sous deux angles.

Il s'agit tout d'abord de vérifier que les centrales respectent leurs standards de conception initiaux, qu'il n'y a ni vieillissement ni malfaçons. Nous en avons rencontré l'an dernier sur les supportages des gros diesels de secours des centrales. Ces malfaçons d'origine font qu'ils ne pouvaient résister aux séismes. Les questions de ce type doivent être réglées à l'occasion de la prolongation. Cela explique d'ailleurs ce que j'ai dit sur la vigilance à exercer quant à la manière de traiter les non-conformités. Tout cela est extrêmement important.

Il s'agit ensuite de voir comment le niveau de sûreté peut être amélioré. C'est compliqué puisqu'il s'agit d'ajouter des systèmes à une installation qui existe déjà. Il nous faut traiter quatre ou cinq questions liées à l'amélioration de la sûreté. La référence en la matière est celle des réacteurs modernes, du type de l'EPR de Flamanville. En cas d'accident très grave, notamment de fusion du coeur, un récupérateur de coeur, sous le réacteur, empêcherait le coeur de traverser le plancher et, éventuellement, d'atteindre la nappe phréatique. Il n'y en a pas sur les réacteurs existants, et il n'y a pas beaucoup de place à cet endroit. La question est posée à EDF : comment faites-vous pour empêcher le coeur de traverser le radier ? Certes, c'est un plancher de plusieurs mètres de béton, mais cela ne suffit pas forcément. Ce sont là des questions simples à énoncer, mais complexes à résoudre. Nous en discutons actuellement, notamment avec EDF. Ce travail est engagé, le rendez-vous est fixé à 2020, et je ne peux préjuger des réponses : certes, les questions qui se posent ne sont pas innombrables, mais il y en a quand même quatre ou cinq.

Si vous m'interrogez sur le budget, EDF annonce un ordre de grandeur d'un peu plus d'une cinquantaine de milliards d'euros pour l'ensemble du grand carénage – je ne porte pas de jugement sur la somme…

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