Ma secrétaire m'a fait une copie de la thèse de M. Patinaux ; j'ai les quatre cents pages sur mon bureau, dont je n'ai encore lu que les morceaux choisis. Cette thèse rejoint ce que j'ai dit précédemment à propos de l'objet CIGEO. Il est question de quelques centaines de milliers d'années, donc la démonstration de sûreté renvoie à des problèmes que nous n'avons pas l'habitude de manier. Ce n'est pas un objet classique : il oblige à penser à cent mille ans, donc en faisant abstraction de la société, car personne ne peut imaginer à quoi elle ressemblera alors, mais en nous focalisant sur la géologie et les éléments de base qui changent moins à de telles échéances.
La thèse tourne autour de cette idée, et je trouve positif que l'ANDRA se soit soumise au regard d'un chercheur en épistémologie, et ait laissé son personnel s'exprimer dans une thèse qui a vocation à être rendue publique. Il est bien qu'un exploitant s'interroge, et rende public le fruit de ses réflexions. C'est aller dans le sens de la sûreté que d'exposer publiquement les questions qu'ils se posent sur la manière de construire un raisonnement, d'être compris – par l'autorité de sûreté, mais aussi par les gens –, s'agissant une installation dont la durée de vie est de cent mille ans. Et comment expliquer que l'on est convaincu que c'est sûr, ou qu'on ne l'est pas ?