Intervention de Jean-Christophe Niel

Réunion du jeudi 22 février 2018 à 9h00
Commission d'enquête sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires

Jean-Christophe Niel, directeur général de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) :

Je vous prie de m'excuser. On désigne par le terme de contrôle non destructif tous les procédés permettant de contrôler des installations sans les détruire, à l'aide d'outils qui permettent en quelque sorte de « radiographier » les matériaux pour s'assurer qu'ils ne comportent ni fissures ni défauts d'aucune sorte.

Si le contrôle non destructif des métaux est une technique désormais mûre est maîtrisée, il n'en va pas de même pour le béton. Or il est essentiel de surveiller le vieillissement du béton, notamment sur les réacteurs de 1 300 mégawatts. L'IRSN a donc mis en place des programmes de recherche permettant de développer des méthodes de contrôle non destructif sur le béton. Toutes ces recherches se font, comme je l'évoquais, en collaboration avec des équipes internationales. C'est en particulier grâce à ce type de coopération que l'IRSN a pu se doter d'un code de calcul de thermohydraulique, baptisé SOFIA – pour « simulateur d'observation du fonctionnement incidentel et accidentel ». Je profite d'ailleurs de l'occasion pour convier votre commission d'enquête à l'IRSN, afin que nous vous présentions cet outil, qui nous a notamment servi pour expertiser la cuve de l'EPR ou des générateurs de vapeur dont la concentration en carbone était trop importante.

Les avis techniques que nous rendons sont le fruit d'un débat technique contradictoire avec les opérateurs, débat d'autant plus long et d'autant plus approfondi que le sujet est complexe, l'objectif étant de parvenir à nous entendre sur nos points d'accord et de désaccord. Au bout du compte, c'est l'ASN qui tranchera entre la position de l'IRSN et celle de l'opérateur, sachant qu'elle a généralement tendance à se ranger à nos avis.

Quant à l'expertise financière, elle est hors du champ de compétence de l'IRSN. Il s'agit d'un exercice complexe qui se pratique régulièrement aux États-Unis, mais pas en France. En 2005, EDF avait néanmoins souhaité adopter cette approche coûts-bénéfices, et l'ASN avait donc demandé à l'IRSN de travailler dans cette direction. Nous avions ainsi produit un rapport sur le coût d'un accident nucléaire, considérant en effet que, dans l'hypothèse où ne survient aucun accident, toute mesure de sûreté devient par définition trop chère. J'indique d'ailleurs que ce rapport est public et consultable sur notre site.

En ce qui concerne l'exposition des travailleurs et du public à la radioactivité, et sous réserve de vérification des chiffres que je vais vous donner, l'exposition moyenne des travailleurs d'EDF est de 0,99 millisievert par an, celle des 230 000 travailleurs du secteur médical suivis par l'IRSN de 0,33.

Pour ce qui concerne la radioactivité émanant des installations nucléaires et ayant un impact sur le public, elle est négligeable. Cela étant, la dose moyenne reçue par la population est de 4,5 millisieverts par an, dont 2,9 millisieverts d'origine naturelle, c'est-à-dire présente dans les aliments comme le lait – qui contient du potassium 40 –, dans l'atmosphère – chargée en radon – ou dans le rayonnement issu du sol ou du ciel ; le 1,6 millisievert restant provient des examens médicaux.

Il s'agit là de moyennes et, selon votre mode de vie ou l'endroit où vous habitez, ces doses de radioactivité peuvent fortement varier : quelqu'un qui mange beaucoup de poisson ou qui habite en montagne sur un sous-sol primaire, absorbera par exemple une dose plus importante. Ces chiffres sont publiés sur le site de l'IRSN, qui propose par ailleurs un outil vous permettant de calculer votre exposition aux rayonnements ionisants.

Je signale enfin que nous organisons, les 22 et 23 mars prochains avec l'ANCCLI, un séminaire sur la radioprotection et la santé.

Monsieur Brun, il est exact que le budget alloué à l'IRSN est en diminution depuis plusieurs années. Même si cette baisse reste mesurée, c'est pour nous un sujet de préoccupation, dans la mesure où la recherche est une composante essentielle pour la qualité de notre expertise. Nous avons jusqu'à présent réussi à compenser ces baisses de crédits par des redéploiements ; si d'aventure elles devaient s'accentuer, nous pourrions être amenés à interrompre des programmes.

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