Intervention de Jean-Christophe Niel

Réunion du jeudi 22 février 2018 à 9h00
Commission d'enquête sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires

Jean-Christophe Niel, directeur général de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) :

Pour répondre à M. Aubert, je dirai que si l'exposition aux radiations provenant des installations civiles, notamment médicales, peut faire l'objet d'une évaluation parce qu'elle est bien identifiée, l'exposition à la radioactivité naturelle peut avoir de multiples sources, y compris celle d'une éventuelle radioactivité provenant de l'étranger, qui s'y trouverait incluse. Cela dit, notre réseau de surveillance n'a pas détecté de radioactivité provenant de l'étranger. Même pour ce qui est du ruthénium, les niveaux constatés en France ont toujours été extrêmement faibles.

Le 31 mars 2016, l'ASN a été informée de la chute en cours de manutention d'un générateur de vapeur dans le bâtiment du réacteur 2 de la centrale de Paluel, au cours de la troisième visite décennale de ce réacteur. Paluel 2 constitue la tête de série, c'est-à-dire qu'il était le premier réacteur de 1 300 mégawatts à subir sa troisième visite décennale, au cours de laquelle les générateurs de vapeur peuvent être remplacés. Deux des quatre générateurs avaient déjà été extraits, et la cuve et la piscine du réacteur étaient vides, comme le prévoit le protocole : le combustible se trouvait dans une piscine extérieure, ce qui fait que le risque était limité en termes radiologiques lorsque l'accident est survenu. Cependant, les conséquences auraient pu être dramatiques pour les travailleurs présents : quand un générateur de vapeur pesant 400 tonnes tombe de toute sa hauteur, l'ébranlement et le bruit provoqués par cette chute sont énormes – en l'occurrence, plusieurs personnes présentes ont été choquées.

L'enjeu essentiel de cet accident a résidé dans la sécurité des travailleurs, sans qu'il s'agisse d'un sujet nucléaire à proprement parler. La chute d'un objet de 400 tonnes d'une hauteur de 22 mètres a deux types d'effets : d'une part un effet direct, à savoir l'impact de l'objet sur le sol en béton et les équipements se trouvant à proximité, d'autre part des effets indirects, notamment un ébranlement pouvant se répercuter sur différents systèmes. EDF a engagé un contrôle de requalification dans lequel l'IRSN est intervenue en procédant à des calculs d'ébranlement, qui l'ont conduite à recommander d'élargir le champ des contrôles initialement prévus : nous avons conseillé de vérifier les circuits électriques, d'eau et de ventilation qui nous paraissaient susceptibles d'avoir subi certains effets liés à l'ébranlement. EDF prévoit maintenant un redémarrage en juin 2018, à l'issue d'un bilan complet intégrant nos recommandations, qui nous paraît a priori globalement satisfaisant en termes d'étendue – sous réserve, évidemment, de ses résultats. En tout état de cause, le réacteur ne redémarrera que lorsqu'il aura obtenu l'autorisation de le faire.

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