Intervention de Moetai Brotherson

Séance en hémicycle du mardi 13 mars 2018 à 15h00
Consultation sur l'accession à la pleine souveraineté de la nouvelle-calédonie — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMoetai Brotherson :

Nous n'avons donc nécessairement pas la même perspective que vous ! Vu d'Océanie, toute expression trop claire d'une préférence de l'État dans le déroulement de ce processus est perçue comme une entorse à la coutume, aux règles. Je ne reviendrai pas sur les déclarations faites récemment par certains, qui ont été à cet égard mal perçues.

Je remercie l'État d'avoir accepté, il y a longtemps, l'arbitrage des Nation unies dans l'organisation de ce processus. On l'a rappelé : des experts de l'ONU suivent actuellement le bon déroulement des opérations. Cela me conduit, en creux, à une interrogation : pourquoi le même État refuse-t-il toute intervention de l'ONU concernant la Polynésie, pourtant inscrite sur la même liste des territoires non autonomes à décoloniser ? Je m'arrête là car nous ne sommes pas réunis pour parler de la Polynésie, mais de la Nouvelle-Calédonie.

J'insiste également, s'agissant de la neutralité de l'État, sur la nécessité de prévoir des mesures d'accompagnement quel que soit le résultat du référendum. Si les Néo-Calédoniens n'entendent qu'un scénario, s'ils ont le sentiment que l'État n'accompagnera la Nouvelle-Calédonie que dans le cas d'une certaine réponse, alors cela fausserait ce référendum.

Le 5 novembre prochain, c'est une nouvelle Nouvelle-Calédonie qui émergera ; j'espère que ce sera une Nouvelle-Calédonie, une Kanaky, où tout le monde pourra vivre ensemble, quel que soit le résultat du référendum. Pour cela, je pense que la Nouvelle-Calédonie aussi bien que la France devront, comme les pagures, accepter d'abandonner la coquille étriquée dans laquelle elles se trouvent, pour en chercher une nouvelle, plus large, qui leur permette d'évoluer, de grandir, ensemble.

Pour finir, je voudrais citer Jean-Marie Tjibaou, qui disait ceci : « Le retour à la tradition est un mythe. Aucun peuple ne l'a jamais vécu. La recherche d'identité, le modèle, pour moi, il est devant soi, jamais en arrière. C'est une reformulation permanente. L'identité, elle est devant nous. »

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