Monsieur le Premier ministre, l'État et ses entreprises publiques sont la propriété de ceux qui n'ont rien. Les privatiser, c'est organiser une spoliation de masse. Les Français sont majoritairement opposés aux privatisations, mais vous proposez de vendre les Aéroports de Paris et La Française des jeux. Rien ne le justifie, sûrement pas la bonne gestion des deniers publics. Au contraire, privatiser c'est appauvrir et démanteler l'État.
Ces entreprises ne sont pas un poids financier, elles rapportent de l'argent : 4 milliards d'euros pour La Française des jeux, 130 millions d'euros pour les Aéroports de Paris. Les aéroports représentent de surcroît une frontière de notre pays, que vous voulez confier aux pouvoirs de l'argent. Comment croire que la sécurité ne sera pas supplantée par l'obsession de la rentabilité ? Leur privatisation gaverait des actionnaires qui exploiteraient des biens entièrement financés par l'État, donc par nous tous. Les usagers payent généralement la cupidité des actionnaires par les hausses de prix et la dégradation de la qualité.
Faut-il rappeler le fiasco de la vente des autoroutes ? Les péages ont augmenté de 20 % en moyenne. Et à quoi sert cet argent ? À investir ? À améliorer la qualité du service ou la sécurité routière ? Non : les actionnaires se distribuent 95 % des bénéfices, se construisant d'immenses richesses privées grâce à l'accaparement de biens publics, avec la complicité des gouvernements. Après la vente de l'aéroport de Toulouse, conduite par Emmanuel Macron, alors ministre, le nouvel actionnaire a pillé la trésorerie par un dividende exceptionnel. Les différentes privatisations de ces trente dernières années ont été de vrais scandales.