… qui ont permis à la Nouvelle-Calédonie d'atteindre le niveau de maturité qui lui permet, en toute sérénité, dans la paix, de s'interroger sur son destin. De même, je rends hommage à ceux qui lui ont apporté l'indépendance ou plus exactement l'autonomie financière : en sauvant le nickel, Manuel Valls, alors Premier ministre, a permis l'autosuffisance, notamment dans la province du Nord.
Nous sommes maintenant face à un choix, marqué par la question de l'autodétermination. Pour mener à bien la réflexion et procéder au vote, le 4 novembre, il fallait un projet de loi organique encadrant les opérations électorales. Celui-ci devait être incontestable – c'est la question des listes – , équitable – c'est la question de la communication politique pendant la campagne électorale et des bureaux de vote – et sincère – c'est la question des procurations et, permettez-moi cette précision, madame la ministre, de la capacité du Gouvernement à éclairer les électrices et les électeurs calédoniens sur les enjeux de ce scrutin.
Bien sûr, il y aura un vote, le 4 novembre. Certains, y compris parmi les partisans de l'indépendance, ont déjà émis des pronostics. Dans cette situation et puisque l'on évoque l'avenir de la Nouvelle-Calédonie, nous devons disposer d'informations. Le Gouvernement doit nous répondre sur le deuxième et le troisième référendums, ainsi que sur les moyens apportés par l'État à la Nouvelle-Calédonie.
J'ai dit qu'un travail institutionnel remarquable avait été mené par les gouvernements socialistes et plus globalement par l'ensemble des majorités qui se sont succédé depuis 1988. Un apport financier conséquent – on parle d'1,5 milliard par an – a également été apporté à la Nouvelle-Calédonie, à laquelle l'État a voulu donner des chances, notamment financières, d'assurer demain sa pleine souveraineté dans les domaines régaliens soumis au vote des habitants.
Sur ces questions, nous souhaitons que le Gouvernement nous éclaire. Les commentateurs saluent souvent son habileté. Cette fois, le sujet est trop grave : il s'agit de la République, de nos compatriotes, des valeurs que nous portons, et l'habileté ne suffira pas ; il convient aussi d'avoir du courage. C'est ce que nous attendons du Président de la République, qui se rendra à Nouméa en mai : qu'il ait du courage et qu'il éclaire les habitants de Nouvelle-Calédonie de ses réflexions et de sa vision non seulement de la Nouvelle-Calédonie mais aussi de la présence française dans le Pacifique.
Voilà pourquoi le groupe Nouvelle Gauche votera le projet de loi organique. Alors que nous pouvions déposer des amendements, nous nous y sommes refusés, parce que nous considérons que le texte doit être voté dans les mêmes termes au Sénat et à l'Assemblée nationale, et qu'il faut engager la réflexion sur le plus vite possible, non sur la date mais sur la question qui sera posée demain aux Calédoniens.
Telles sont les réflexions que le groupe Nouvelle Gauche souhaitait formuler en saluant, outre Michel Rocard et Lionel Jospin, déjà cités, Jacques Lafleur et Jean-Marie Tjibaou, qui ont donné une formidable leçon à notre démocratie en mettant en avant l'idée de faire la paix, de se parler, de construire quelque chose ensemble. C'est magnifique, c'est tout le sens de l'action publique : ils ont redonné à la politique les lettres de noblesse qui lui manquaient, à l'époque, alors que la situation de la Nouvelle-Calédonie était incertaine. J'ai une pensée respectueuse pour ces deux hommes : Jacques Lafleur et Jean-Marie Tjibaou ont éclairé de leur exemple, outre le territoire néo-calédonien, toute la République française.