Dans ce contexte, les conflits changent. Les cyberattaques menacent notre quotidien : elles peuvent dérégler nos gares, arrêter nos hôpitaux, bloquer nos économies. Les nouvelles technologies ne sont plus l'apanage de quelques armées privilégiées. Elles sont partout, accessibles à tous, y compris à nos ennemis.
Dans ce monde, la France devait donc agir, vite et fortement. Ce projet de loi de programmation militaire a donc été réalisé en un temps record, exigeant la mobilisation de tous : c'est six mois à peine après le début des travaux de programmation au sein du ministère que je l'ai présenté en conseil des ministres.
Ce texte répond d'abord à une ambition, fixée à une échéance raisonnable mais proche : 2030. C'est un calendrier comparable à celui retenu pour la plupart des LPM – lois de programmation militaire – précédentes. Nous affichons l'ambition d'être capables d'agir rapidement sur tous les terrains, de répondre à tous les assauts et de l'emporter face à tous les ennemis. Cette ambition, c'est celle de disposer, d'ici à 2030, d'un modèle d'armées moderne, complet et équilibré pour les cinq fonctions stratégiques : la dissuasion, la protection, la connaissance et l'anticipation, la prévention et, bien sûr, l'intervention. C'est un modèle qui doit être soutenable et durable, car la pente que nous suivions nous amenait inéluctablement à consommer le capital financier, humain et moral de nos armées.
Pour atteindre cet objectif, il nous fallait donc investir massivement dans nos armées. Le cap fixé par le Président de la République ne pouvait être plus clair : 2 % de la richesse nationale française seront consacrés à la défense d'ici à 2025. Les fantasmes budgétaires ou les calculs douteux n'y feront rien : les moyens sont là. Dès l'année 2017, j'ai obtenu le dégel de 1,9 milliard d'euros pour notre défense, ce qui a permis de respecter à l'euro près le budget de 2017. L'ensemble des surcoûts des OPEX – opérations extérieures – a été couvert en interministériel par des ressources supplémentaires pour le budget de la défense. Pour cette année, vous avez voté, dans la loi de finances pour 2018, sur la proposition du Gouvernement, la première marche de la remontée en puissance de nos armées, avec une augmentation historique de son budget de 1,8 milliard d'euros. Concrètement, après des baisses continues au cours des années précédentes, le budget consacré à l'effort de défense, en pourcentage du PIB, est remonté cette année.
Les moyens sont là, disais-je. Ainsi, 295 milliards d'euros seront consacrés à nos armées sur toute la période de programmation. Certains diront que les moyens viennent trop tard. Sur la seule période 2019-2023, 198 milliards d'euros seront investis pour notre défense, soit 23 % de plus qu'au cours de la période 2014-2018. Je n'ai qu'une chose à dire : pour les demi-mesures, il va falloir chercher ailleurs !
En outre, contrairement aux précédentes, cette loi de programmation militaire ne se fonde sur aucune recette exceptionnelle ni aucune prédiction bancale : uniquement sur des crédits budgétaires. Il s'agit d'un texte solide fondé sur des moyens sincères. Il pose les fondements de notre outil de défense, trop souvent devenu la variable d'ajustement au cours des décennies passées.
Mais je sais que ces faits, si massifs et incontournables soient-ils, ne feront pas taire les vociférations de la troupe des grincheux et des amnésiques. Sans doute est-il si inattendu de voir un gouvernement prendre des engagements en vue de les tenir que cela dérange !
On agite la question du surcoût des OPEX, comme si elle n'était pas tranchée. Le Président de la République l'a dit et répété : la provision budgétaire pour les OPEX, bien trop faible actuellement, sera portée de 650 millions d'euros – niveau atteint en 2018 – à 1,1 milliard d'euros dès 2020, soit plus du double du montant de 2017. Et le texte précise noir sur blanc que les éventuels surcoûts seront financés au niveau interministériel.
Avec cette hausse, nous mettons enfin un terme à une situation intenable, qui plaçait la défense dans l'incertitude au sujet des ressources disponibles pour financer les opérations extérieures et la contraignait in fine à annuler des crédits d'équipement pour couvrir les opérations extérieures.