Le troisième fondement du projet de loi de programmation militaire est justement la garantie de l'autonomie stratégique de la France. Il s'agit de s'assurer que la voix de la France sera toujours entendue, écoutée et respectée, et que nous serons capables de l'emporter toujours et partout. Le projet de loi de programmation militaire prend donc acte de la métamorphose des conflits actuels. Il nous faut anticiper mieux, prévoir et savoir.
C'est pourquoi ce texte accorde des moyens exceptionnels au renseignement, avec 1 500 nouveaux postes et un investissement de 4,6 milliards d'euros pour ses équipements.
Il prend aussi le tournant de la cyberdéfense et la mesure de ses enjeux : nous investirons 1,6 milliard d'euros pour la lutte dans le cyberespace et recruterons 1 000 cybercombattants supplémentaires d'ici 2025.
La France possède la plus grande armée d'Europe, la deuxième du monde libre. Avec ce texte, elle conforte sa place. Je dirais même plus : la France assume sa place. Elle en assume les forces comme les responsabilités, au premier rang desquelles celle de fédérer et de faire le choix des projets ambitieux et des coopérations à grande échelle plutôt que des succès étroits.
Nous devrons donc nous tourner vers nos alliés, européens notamment, et chercher à élaborer des projets fédérateurs et stratégiques, par exemple autour de notre politique spatiale, de notre groupe aéronaval et de la défense aérienne élargie.
Nos voisins européens sont confrontés aux mêmes menaces que nous ; ils affrontent les mêmes dangers et dressent les mêmes constats. L'Europe de la défense est une réponse collective et nécessaire. Elle ne naîtra pas d'un énième traité. Nous la construirons autour d'opérations communes et de projets concrets. Tel est le pari du projet de loi de programmation militaire : celui d'une Europe de la défense forte, utile et véritablement protectrice. Certains le contestent – nous aurons l'occasion d'y revenir, je pense, au cours du débat.