Enfin, le dernier axe de cette loi de programmation militaire 2019-2025 est l'innovation. C'est une orientation à laquelle je tiens tout particulièrement et c'est, je crois, une nécessité pour conserver notre supériorité opérationnelle. On ne se prépare pas aux conflits du XXIe siècle comme à une guerre de tranchée. S'accrocher coûte que coûte à notre modèle d'armée actuel sans anticiper le futur, c'est comme se retrancher derrière la ligne Maginot.
Avec la loi de programmation militaire 2019-2025, les armées font pleinement leur entrée dans la modernité. Le numérique est présent partout. Nous devons l'intégrer dans toutes nos technologies et tous nos modes de combat. Nous devons nous emparer de la recherche, nous placer à sa pointe et créer des ponts entre l'économie civile et l'économie militaire. Ces enjeux sont absolument déterminants pour nos armées ; ils le sont aussi pour notre économie, pour les 200 000 emplois de l'industrie de défense, pour les 4 000 PME de la base industrielle et technologique de défense. Ils le sont pour les start-up, pour les inventions qui feront demain notre quotidien. La recherche militaire a déjà inventé internet, le pneu et le GPS ; pourquoi s'arrêterait-elle maintenant ? Et pourquoi ces inventions seraient-elles l'apanage des États-Unis ?
Ce texte nous donne, j'en suis persuadée, les moyens de réussir. Nous augmenterons les moyens des études et de l'innovation en les portant de 730 millions d'euros par an à 1 milliard d'euros dès 2022. Nous créerons, comme je l'ai annoncé la semaine dernière, une agence de l'innovation de défense. Nous prendrons le tournant des défis de demain, en investissant par exemple 100 millions d'euros par an dans l'intelligence artificielle.
Avec ce projet de loi, nous préparons aussi l'avenir en engageant les phases préparatoires des grands programmes d'équipement et d'armement qui structureront l'avenir de nos armées : 1,8 milliard d'euros par an en moyenne seront ainsi consacrés aux études qui nous permettront de concevoir l'avion de combat du futur, le char de combat du futur ou le successeur du Charles de Gaulle.
L'innovation, c'est un mode de pensée, un état d'esprit. Avec cette loi de programmation militaire, nous pourrons agir comme nous le souhaitons, briser les carcans, bousculer les conservatismes. Quatorze chantiers de transformation nous permettront de moderniser le ministère, de le rendre plus numérique, de réformer la direction générale de l'armement ou encore d'augmenter la disponibilité de nos appareils en réformant le maintien en condition opérationnelle.
Ces réformes sont nécessaires et je prends devant vous l'engagement ferme de les mener à leur terme et de surveiller leur exécution – comme pour toutes celles prévues par la LPM.
Ce projet de loi de programmation militaire, c'est la remontée en puissance de nos armées. C'est le renouveau de notre défense. C'est l'assurance, enfin, de notre liberté à tous. Ce projet de loi, c'est la première pierre pour des armées modernes, adaptées aux défis de demain, prêtes à intervenir partout et à l'emporter face à chaque adversaire ; la première pierre aussi pour de meilleures conditions de vie et d'exercice de nos militaires, de nos civils et de leurs familles ; la première pierre enfin pour des moyens à la hauteur des ambitions, des enjeux et du courage de nos forces.
Cet édifice dont nous posons aujourd'hui les fondements, c'est à nous de le bâtir, ensemble, avec responsabilité et vigilance, de le bâtir, surtout, avec ambition et audace.