Monsieur le Premier ministre, je voudrais vous parler d'un combat qui, comme la lutte contre le racisme, nous rassemblera tous : le combat pour la survie de l'hôpital public.
L'hôpital public craque. Je pense aux salariés, aux acteurs de l'hospitalisation publique, pas seulement dans les services d'urgences ou les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes, les EHPAD. Je parle d'expérience, étant président depuis plus de vingt ans du conseil de surveillance d'un hôpital important.
En vingt ans, je n'ai jamais rencontré autant de souffrance, autant de difficultés, autant de mal-être auprès des personnels de l'hôpital public, des plus modestes aux plus expérimentés.
Il faut dire que l'hôpital public a vécu des réformes multiples, souvent incomplètes, et qu'il vit sous des injonctions parfois contradictoires. On lui demande à la fois de soigner mieux et de dépenser moins. On lui demande d'organiser sur les territoires des complémentarités, en oubliant qu'il existe une concurrence entre les hôpitaux, y compris entre les hôpitaux publics. On fait passer les gouvernances aux mains des uns et des autres, en pensant que des autorités diverses et multiples, un jour médicales, un autre administratives, parviendront à régler des problèmes. Au fond, l'hôpital public vit une crise de sens, une crise profonde qui peut finir en crise de nerfs.
Je sais, monsieur le Premier ministre, que vous avez annoncé une ambition sur ce sujet, c'est-à-dire une nouvelle réforme, la quatrième ou la cinquième en quinze ans, et que vous vous êtes fixé cinq grands chantiers. Nous ne sommes pas loin de partager une grande partie de votre analyse. Le seul problème est celui de l'urgence.
Peut-on se laisser le temps d'appliquer cette réforme dans la durée ? Ne faut-il pas aller beaucoup plus vite, agir beaucoup plus fort, pour répondre à une situation qui, si l'on n'y prend garde, risque d'exploser ?
Telle est ma question : êtes-vous prêt à aller plus vite, plus fort, plus loin pour sauver l'hôpital public en France ?