Madame la députée, vous comprendrez bien que je ne puisse pas donner un avis favorable à votre amendement, aussi louable soit-il.
Il y a toujours eu un débat pour savoir s'il fallait disposer d'une seule ou de deux composantes de dissuasion. Je ne sais pas si ce débat est tranché, mais je considère pour ma part qu'il est loin derrière nous. En effet, ce projet de loi de programmation militaire prévoit des crédits pour les études, puis pour le renouvellement et la modernisation de nos deux composantes. Ce principe a été annoncé par le Président de la République dans la préface de la Revue stratégique de défense, et nous nous y conformerons.
Je ne vais pas vous convaincre de la nécessité de disposer de deux composantes. Il existe deux stratégies complémentaires, deux éventuels modes d'emploi de l'arme nucléaire qui seraient complémentaires : le premier est complètement invisible et stratégique, tandis que le second s'inscrit davantage dans le cadre d'un dialogue de la dissuasion et pourrait faire l'objet d'une montée en puissance graduelle en cas de menace. Aujourd'hui, d'ailleurs, des bombardiers nucléaires russes frôlent régulièrement nos espaces de souveraineté en Europe. De même, lorsque les Américains veulent adresser une sorte de menace aux Nord-Coréens, ils envoient leurs bombardiers nucléaires se balader du côté des frontières nord-coréennes. Il faut donc maintenir cette composante aéroportée, car la visibilité de la menace peut faire céder nos adversaires. Avis extrêmement défavorable.