Intervention de Jean-Luc Mélenchon

Séance en hémicycle du mercredi 21 mars 2018 à 15h00
Programmation militaire pour les années 2019 à 2025 — Article 2 et rapport annexé

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Mélenchon :

Nous venons d'entendre Mme la ministre et nous voyons à quel type d'événements elle fait allusion. En revanche, on ne répond pas sur ces deux points. Un : peut-on gagner une guerre contre-insurrectionnelle ? La réponse est non. Deux : le risque est toujours immense. Voilà qui mériterait mieux qu'un petit débat sur un mot que nous proposons quant à nous d'ôter du texte.

Je vous rappelle qu'au Rwanda, nous nous situions par définition dans une contre-insurrection contre l'intervention de la FDR – Force de défense du Rwanda – qui arrivait de l'Ouganda voisin et que cela s'est terminé comme vous savez – plus personne n'arrivant à s'y retrouver – c'est-à-dire par un massacre généralisé et un génocide.

Je vous mets vraiment en garde contre cette idée selon quoi il serait possible de gagner ou de mener une guerre de contre-insurrection, fût-ce à la demande d'un État car, souvent, les problèmes sont tellement emmêlés d'une frontière à l'autre que cela revient à semer la guerre dans toute une zone.

J'aimerais, pour finir, revenir sur la discussion que nous avons eue au sujet des modes de mise en relation de plus en plus sophistiqués des objets techniques dans l'art de la guerre. Le programme SCORPION est sans doute une bonne chose pour passer directement des commandes depuis son réfrigérateur en les mettant en rapport avec la taille de son coffre de voiture. En revanche, je ne pense pas que ce programme puisse nous garantir que des engins qui se déplacent sur un même territoire seront interopérationnels, car ils seront à la merci de la contre-offensive.

Ce que nous vous reprochons, ce n'est pas d'avoir mis trop d'argent dans ce projet, ou pas assez. Notre conviction, c'est que dans l'ère moderne où nous entrons, nous devons intégrer le fait que certains modes de connectivité augmentent notre niveau de vulnérabilité, au lieu de l'abaisser. J'entends notre collègue, quand il dit que l'avantage technique permettra toujours de prendre le dessus, mais encore faut-il tenir compte du type de conflit ! Dès lors qu'une masse immense d'être humains y est engagée, ce n'est plus la technique qui donne l'avantage, mais la détermination de ceux qui agissent.

En outre, et cela a été dit, une arme technique est vouée, tôt ou tard, à être dépassée par une autre technique. Si tous vos systèmes de connexion passent par satellite, madame la ministre, et si quelqu'un, depuis la terre, sait éclairer un satellite, c'est comme si vous n'aviez plus rien. C'est tout ce que nous voulions vous dire.

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